Emmanuelle Pastore
Enseignante en exégèse biblique, chargée d’enseignement à l’Institut catholique de Paris
De la vacuité à la plénitude dans le livre de Ruth

Résumé. — À travers la rencontre entre deux femmes, Noémi et Ruth, se joue une profonde réflexion sur la relation entre Israël et les nations étrangères. Paradoxalement, la permanence d’Israël sur sa propre terre est rendue possible grâce à la Moabite. Ce paradoxe est expliqué et justifié au fil du livre de Ruth par une interprétation originale de la Loi, à l’aide de la notion de hesed.

François Odinet
Prêtre du diocèse du Havre. Ancien élève de l’École normale supérieure de Lyon, docteur en théologie, licencié en histoire. Enseignant en théologie pratique et dogmatique au Centre Sèvres. Responsable du domaine de théologie pratique et pastorale au Centre Sèvres.
Les « véritables dimensions » de la résurrection

Résumé. — Si la vie des plus pauvres est souvent caractérisée théologiquement à partir de la croix, sur laquelle le Christ est mort comme les « derniers », il est tout aussi pertinent de le faire en référence à la résurrection. À partir des plus pauvres, se révèlent des dimensions effacées de notre foi en la résurrection : la résurrection n’est pas seulement l’horizon de l’histoire mais son moteur ; elle rouvre à tous l’accès à la création ; elle se reconnaît dans la possibilité de traverser, dès aujourd’hui, la mort qui menace de toutes parts. La résurrection est donc une espérance pour tous parce qu’elle l’est d’abord pour les crucifiés de ce monde.

Paolo Monzani
Prêtre du diocèse de Modena-Nonantola (Italie). Doctorant au Centre Sèvres dont la thèse, dirigée par C. Theobald s.j., porte sur la théologie de l’inspiration. Licence en Science de la Formation des Formateurs (Istituto Superiore per Formatori).
Karl Rahner et la théologie de l’inspiration

Résumé. — L’article propose une appréciation de la théologie de l’inspiration de K. Rahner, notamment à partir d’un texte capital récemment traduit en français. Sa proposition comporte un déplacement d’attention de la psychologie des hagiographes à la dimension corporative de l’Église apostolique et une distinction entre l’action de Dieu « Auctor » de celle des hommes « auteurs ». Si la contribution de Rahner peut constituer un point de repère sur un sujet apparemment oublié dans les dernières décennies, l’article évoque aussi des nouvelles pistes qui demandent à être explorées aujourd’hui, notamment le rôle des lecteurs dans le processus d’inspiration.

Thomas Gueydier
Thomas Gueydier est directeur des études au Séminaire Saint-Yves. Il dirige aussi l’Institut de Formation Théologique du diocèse de Rennes, Dol et Saint-Malo. Il est l’auteur d’une thèse publiée aux éditions du Cerf en 2021 : L’Augustin de François de Sales.
L’utilisation de la Bible par saint François de Sales

Résumé. — Dans « L’Avis au lecteur » de l’Introduction à la vie dévote, saint François de Sales déclare : « Quand j’use des paroles de l’Escriture ce n’est pas tousjours pour les expliquer, mais pour m’expliquer par icelles, comme plus aymables et venerables ». Une telle utilisation du texte biblique peut surprendre. Cependant, une fois mise en relation avec la lutte post-tridentine contre la Sola scriptura, les principes de la prédication redéfinis par saint François de Sales lui-même et l’émergence d’un nouveau discours personnel au début du xviie siècle, cette phrase nous éclaire sur la manière dont l’évêque de Genève concevait l’Écriture sainte et son propre apostolat.
 

 

Jacques Turck
Ordonné prêtre en 1969 pour le diocèse de Nanterre, a été fidei donum au Mexique, curé, professeur au Séminaire Saint-Sulpice et directeur du Conseil Famille et société à la Conférence des évêques de France, aujourd’hui responsable d’une maison « Le Petit Béthanie » pour les prêtres et religieux en grande fragilité.
Sur le calvaire, il y avait trois croix. Réflexions sur l’accompagnement des auteurs d’abus dans l’Église

Résumé. — Dans la foulée du rapport de la CIASE, comment assurer l’accompagnement des clercs et religieux auteurs d’infractions sexuelles sur mineurs et personnes vulnérables ? Quelques éléments de réflexion sont proposés ici, à partir de l’expérience d’accueil de la maison Le Petit Béthanie, fondée dans l’esprit du père Jean-Joseph Lataste.

Mahaut et Johannes Herrmann
Philologue collaborant à l'édition des textes anciens aux Sources chrétiennes, Mahaut Herrmann a écrit dans les magazines La Vie et Limite. Elle est aussi bénévole LPO. Son époux Johannes Herrmann travaille pour l’association LPO-Agir pour la biodiversité.
Pourquoi l’Église doit parler de l’urgence écologique

Résumé. — L’urgence écologique est entrée dans une nouvelle phase : celle où les effondrements ne sont plus des prévisions, ni des phénomènes lointains, mais une réalité meurtrière vécue désormais dans les pays occidentaux, prouvant que toutes leurs richesses et leurs moyens techniques ne les en préservent pas plus que les autres. L’Église a le devoir moral de réagir en tant qu’institution, visible et particulièrement scrutée, revendiquant une expertise en humanité ; une réaction tant vis-à-vis de la société, laïque et désormais largement non-chrétienne, que de ses propres membres, plutôt que de laisser le sujet dans l’ombre et à l’appréciation individuelle, comme s’il n’était pas brûlant.

Alphonse Borras
Né en 1951, Alphonse BORRAS est professeur émérite de droit canonique et théologien belge. Vicaire général émérite du diocèse de Liège, il est spécialiste de la théologie du diaconat et des rapports entre laïcat et ministères dans l’église. Il a enseigné notamment à l’Université catholique de Louvain. Il est membre du conseil éditorial de la Nouvelle revue théologique.

Résumé. — Le « pouvoir sacré » (potestas sacra) est-il la seule voie pour la participation des laïcs au gouvernement de l’Église ? Pour répondre à cette question, j’entends d’abord cerner la nature de ce « pouvoir sacré » à Vatican II (I). Ce concile a mis en valeur la trilogie des fonctions prophétique, sacerdotale et royale (tria munera) conférées par la consécration épiscopale : il a valorisé un langage plutôt théologique (II) sans disqualifier le langage juridique basé sur le binôme (pouvoir d’)ordre et (pouvoir de) juridiction toujours présent dans le Code de 1983 (III). Sous le bénéfice de cette enquête, il y a légitimement lieu de se demander si, plutôt que de partir du « pouvoir sacré » (des clercs), il ne faudrait pas partir de la communauté ecclésiale et de sa mission, à savoir de sa cura animarum, pour envisager la participation des laïcs au gouvernement des communautés (IV).

Dimitri Ourano
théologien
Bénir la relation entre deux personnes de même sexe ?

Résumé. — À partir de la considération de la dimension symbolique que revêt l’ordre sacramentel et ses implications dans le sacramental qu’est le geste de bénédiction en régime chrétien, spécialement à l’occasion du mariage, on s’interroge sur l’opportunité de la bénédiction de la relation entre deux personnes de même sexe.

Moïsa Leleu f.m.j.
Docteure en théologie
Le « je » des Exercices spirituels ou la grammaire du singulier chez Ignace de Loyola

Résumé. — Que devient le processus herméneutique de l’appropriation du sens des Écritures dans les Exercices Spirituels de saint Ignace de Loyola ? Une analyse littérale des Exercices fait apparaître l’importance de la place du « je » dans le langage des Exercices. L’appropriation peut alors être comprise comme la capacité pour le « je » de l’exercitant de s’engager dans une réponse personnelle, singulière, à la parole que Dieu lui adresse et qu’il reçoit par la médiation des Exercices Spirituels. Une posture herméneutique dont la portée ecclésiale devra être mise en lumière.