Les États africains éprouvent de la peine à faire converger dans un
projet commun les diversités ethniques, culturelles et religieuses
de leurs populations. L'appartenance et la loyauté premières des
citoyens vont-elles au groupe ethnique, à la religion
(christianisme, islam, religions traditionnelles), à l'État-nation?
Ces religions peuvent-elles fournir la base d'une éthique commune?
Quelles devraient, quelles pourraient être les relations entre
société, politique et religion? Le Nigéria représente un cas
particulièrement complexe. Pour éclairer cette situation et
proposer des voies d'avenir, l'A. recourt à une catégorie
développée par le grand historien et penseur musulman Ibn Khaldoun
(1332-1406): 'asabiyya désigne la solidarité, la cohésion sociale,
l'esprit de corps ordonné à la conquête ou au maintien du pouvoir.
Selon Ibn Khaldoun, il n'est d'empires vastes et puissants que
lorsque cette solidarité est relayée par une religion commune qui
assure l'unité d'un projet ainsi que le dynamisme et l'esprit de
sacrifice dans la mise en oeuvre. Cela est-il transposable à
l'Afrique d'aujourd'hui? L'ouvrage témoigne de vastes lectures et
contient des réflexions stimulantes mais pas toujours coordonnées.
Il se termine de manière quelque peu abrupte par un éloge du modèle
suisse… (L'absence, p. 303 et 308, des cartes annoncées rend
malaisée la lecture des «interprétations cartographiques»
correspondantes. - J. Sch.