«S'aimer pour se donner»: voilà un titre qui n'oriente pas
directement vers la définition des « biens » qu'assure le
mariage (à la manière de saint Augustin) ni vers la définition des
« fins » qu'il poursuit (comme chez saint Thomas
d'Aquin). Il oriente, certes, le mariage vers les expressions de
l'amour mutuel, mais aussi - et de manière assez décisive - vers la
réalité du don de soi. Pour arriver à cette approche de la vie
matrimoniale, l'A. de ce livre convaincant se réfère à l'ontologie
de l'être comme don, telle qu'elle est exposée dans la philosophie
de Claude Bruaire.Le don n'exprime-t-il pas, dans le mariage, la
nature même des relations entre l'homme et la femme: sans un don
véritable il n'y a pas entre eux d'amour authentique. Et n'est-ce
pas déjà la forme que prend envers nous l'amour divin
créateur?Aussi le mariage, don mutuel d'amour, est-il de par sa
nature même, lorsque celle-ci s'inscrit dans la perspective
chrétienne, sacrement de l'Église épouse du Christ. Ce sacrement,
en effet, exprime la présence du Christ dans le consentement que
s'échangent les époux et qui constitue le don mutuel auquel ils
s'engagent.Mais ce que l'A. entend développer aussi, c'est combien
le don mutuel que s'offrent les époux débouche habituellement sur
le don de la vie par Dieu à leurs enfants. La logique du don ne
permettrait-elle pas de considérer plus sereinement les questions
aujourd'hui débattues de la régulation des naissances, de l'accueil
de l'enfant en refusant toute forme d'avortement volontaire et tout
recours à la procréation artificielle?En-deçà même des époux, c'est
de Dieu que vient le don de la vie offerte à l'enfant. Dans les
documents de l'Église, Familiaris consortio a mis en lumière ce que
devrait être une «civilisation de l'amour». - S. Decloux sj