Toute critique de Balthasar, pour l'A., peut mettre en relief le
manque d'un centre autour duquel pourraient s'organiser clairement
ses écrits. Ce qui est le plus problématique, c'est que la pensée
de Balthasar ne peut se définir en se limitant à telle ou telle
position théologique, à tel ou tel principe méthodologique.
Fondamentalement, Balthasar est un théologien sans entrave, ce qui
est à la fois sa force et sa faiblesse. On a affaire à un homme
d'énorme capacité intellectuelle et capable de créativité, à un
homme qui, en un sens, philosophiquement et théologiquement, est un
autodidacte, qui n'occupa jamais une position académique, qui
laissa derrière lui les contraintes d'un ordre religieux établi,
qui souffrit d'une certaine marginalisation ecclésiastique en
raison de son lien avec une mystique plutôt exceptionnelle, et qui
devint son propre éditeur.
Tout cela signifie qu'il est capable d'ouvrir de nouvelles et
fructueuses avenues à la réflexion théologique, plutôt que de
lutter pour modifier des paradigmes théologiques existants.
Mais il manque un sens de la restriction ou un sens de la limite
théologique, quelque chose ressemblant à une responsabilité
théologique, dans le travail de Balthasar. Tel est le jugement de
l'A. Il resterait à critiquer Balthasar sur le contenu de son
oeuvre! - S.D.