Benoît XV et la Grande Guerre

Paul Christophe
Storia - reviewer : Bernard Joassart s.j.
On le sait : Benoît XV fut accusé d'être par trop favorable à l'un ou l'autre camp durant le premier conflit mondial. En témoignent de nombreux extraits des fameux carnets de Baudrillart, bien connus de l'A., ou les prises de position de hauts responsables politiques et militaires. Mais à y regarder de plus près, entre autres les interventions publiques, et tout spécialement les propositions de paix de 1917 de Benoît XV, on est amené à constater que le pontife eut une attitude qui n'était pas celle de la simple neutralité, mais celle de l'« impartialité ». À ses yeux, même s'il y avait eu des actes injustifiables, le conflit outrepassait tout ce que l'on pouvait imaginer en fait de barbarie et il estimait que, même dans le chef de certains responsables religieux, le nationalisme était comme devenu une religion qui en arrivait presque à oublier les principes chrétiens élémentaires. Chose peu connue, bien mise en lumière par l'A. qui a exploré des sources de personnalités moins en vue que les grands de ce monde (journaux personnels et lettres de combattants du front, articles de revue, écrits et réflexions de « particuliers » qui n'avaient pas nécessairement voix au chapitre), beaucoup d'obscurs du temps furent, plus ou moins rapidement, en accord avec la position de B. XV. En définitive, l'A. nous met en présence d'un pape clairvoyant et « sage », en adéquation avec les principes de l'Évangile, qui, à sa manière, pouvait et peut encore inspirer ses successeurs au milieu de tant de conflits qui ont agité et agitent encore le monde.
Quelques réflexions personnelles. Tout bien considéré, ce ne fut pas mauvais que le Saint-Siège ne participe pas aux conférences de paix : dans le contexte de l'époque, il eût été contraint de prendre position « pour » ou « contre » telle ou telle disposition, ce qui lui aurait été reproché par les uns comme par les autres, et l'aurait mis dans une position contradictoire avec son impartialité. Par ailleurs, on a ici un bel exemple de la difficulté - et de l'utilité - de la diplomatie du Saint-Siège. À quoi il faut ajouter que tous les conflits ne présentent pas la même configuration, et que dès lors cette diplomatie peut prendre des chemins différents. - B. Joassart s.j.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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