Un livre de bioéthique est toujours difficile à présenter en
quelques traits parce que les problématiques sont complexes et
nécessitent des précisions philosophiques et humaines. Y sont
abordées, en trois parties, les questions que la science et la
technique suscitent aujourd'hui et qui interpellent la bioéthique,
puis les conflits et les dilemmes face aux cas
« limites », et enfin les lois, c'est-à-dire l'examen de
la loi de la conscience et des lois civiles et universelles
établies par l'État.Trois principes guident ici la réflexion
éthique: 1. La bioéthique se situe dans une « zone
limite », le seuil qu'est le commencement de la vie et celui
de la mort, ces lieux où il n'est pas facile, pour la liberté
humaine, de poser un choix face à des dilemmes nouveaux et
complexes. D'après l'A., il ne faut donc pas juger tout de suite
comme erronée une position différente de la sienne, mais chercher
toujours à comprendre les raisons du choix de l'autre plutôt que
d'y voir une position inconciliable avec son point de vue. 2. Les
questions relatives à la fin de la vie n'appartiennent pas à la
bioéthique de la même manière que celle du début de la vie. Dans le
premier cas, on a une « biographie » de l'individu, avec
les valeurs qu'il a exprimées et voulu vivre, tandis que dans le
second, la personne est encore en devenir parce que, selon l'A.,
«son histoire ne commence qu'avec son activité symbolique» (p.
130). 3. Les conflits extrêmes ont besoin aussi de la politique et
du droit pour contrôler un pouvoir qui doit rester démocratique.
Ces principes sont développés par l'A. à partir d'une éthique
kantienne où les dilemmes sont résolus dans l'équilibre entre le
respect de l'autre et le devoir envers la vie. Mais une faiblesse
surgit. Deux exemples l'illustrent. Le thème de l'avortement
parcourt l'ensemble du livre mais l'auteur, qui se dit attentif à
l'aspect anthropologique global, ne parle jamais des nombreuses
dépressions et blessures psychologiques des femmes ayant recouru à
l'IVG. De la même manière, à propos de la souffrance en fin de la
vie, l'euthanasie est longuement traitée alors qu'on ne parle
qu'une seule fois des soins palliatifs, sans en développer la
pratique et la signification. Cette éthique est loin de la
« réalité »! La philosophie, kantienne ou une autre, ne
suffit pas à résoudre les dilemmes: au contraire elle les
complexifie souvent dans la mentalité commune. Les femmes enceintes
qui voudraient garder leur enfant mais qui sont sans ressources et
les malades proches de la mort n'ont pas besoin d'une idée ou d'un
concept: ces personnes aspirent à une « proximité »
concrète pour découvrir le sens de la vie à ce moment précis. D'où
le souhait que nous formulons dans l'approfondissement des
thématiques ici évoquées: rester proche de la
« réalité ». - E. Barucco ocd