Caricaturer Dieu? Pouvoirs et dangers de l'image

François Boespflug
Arte e letteratura - reviewer : Ermanno Barucco o.c.d.
Peut-on caricaturer Dieu? Le livre de Fr. Boespflug est paru suite à la publication dans les journaux du monde entier de certaines caricatures de Mahomet et aux violentes réactions auxquelles celles-ci ont donné lieu dans certains milieux islamiques. La thèse de l'auteur est claire: les réactions ne sont ni proportionnées ni homogènes dans leurs formes, parce qu'on a là «plaintes et jets de pierres contre arguments et publications de presse» (p. 14). «L'offense ne justifie ni la violence ni le meurtre» (p. 193) au prix, sinon, de confirmer dans sa réalité l'aspect négatif de la caricature, car «une bombe dessinée sur le papier n'a pas les mêmes effets qu'une bombe réelle lorsqu'elle éclate. La pire caricature morale de Dieu est celle tue l'homme, qui est à son image (p. 194). Pourtant ce livre n'est pas simplement un bon dossier de presse (cf. Introduction), mais le fruit d'un long travail sur le rapport entre image et sacré dans les trois monothéismes abrahamiques: Islam (chap. 1), Judaïsme (chap. 2) et Christianisme (chap. 3). On y découvre ce que disent le Coran et la Bible à propos des images et le fruit du développement doctrinal propre aux trois religions. Si l'auteur remarque la ressemblance entre l'aniconisme du Coran et de la Bible juive, il ne manque pas de souligner aussi les différences théologiques substantielles entre elles. La réticence envers l'image de Dieu dans l'Islam et le Judaïsme, partagée par le Christianisme primitif, se trouve surmontée plus tard, en particulier dans la tradition iconographique latine.
À la fin de chacun de ces chapitres on trouve toujours des remarques intéressantes au sujet du rapport de ces trois religions avec l'humour et les caricatures. Si la caricature peut aider à purifier l'image qu'on se fait de Dieu (qui n'est pas cela!), on ne peut pas, au nom de la liberté d'expression, tout dire et se moquer de tout. L'auteur écarte la possibilité d'une nouvelle police de l'image, et appelle à l'autocensure, laquelle n'est pas une trahison de la liberté d'expression, mais une éducation civique à la retenue en vue d'un bien: la paix sociale (cf. p. 178-179). L'auteur n'hésite pas à donner des conseils aux représentants politiques, religieux, ainsi qu'à ceux du journalisme, de la culture ou de l'art, il ne faut pas tomber dans les pièges face aux «pouvoirs et dangers de l'image» (chap. 4), mais, pour ce faire, il faut prendre conscience de «l'histoire iconique de Dieu» (Conclusion). - E. Barucco ocd

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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