Chrétiens et Juifs sous Vichy (1940-1944). Sauvetage et désobéissance civile
Limore YagilStoria - reviewer : Bernard Joassart s.j.
L'A. a mené une enquête pour le moins minutieuse, région par région, département par département, qui se révèle fort intéressante. Cela lui a permis d'une part de mettre en évidence que les autorités civiles ne furent pas que des exécutants aveugles de la législation contre les Juifs. L'adhésion de l'épiscopat au maréchalisme n'alla pas non plus de pair avec l'abandon des Juifs ni même avec le silence absolu. Nombreux furent les évêques qui leur ont porté secours. Et beaucoup de prêtres, religieux et laïcs agirent également en faveur des persécutés du nazisme que soutenaient des dirigeants français. Cela se fit selon des modalités fort diverses (fournitures de faux papiers, passage de frontières, cachettes, etc.), notamment en fonction du statut des différentes zones définies par l'occupant. Les motivations ne furent pas que «religieuses»: protéger les Juifs était aussi une forme de résistance à l'Allemagne, tout comme une expression du tempérament «frondeur» du Français. Et même si la proportion de la population juive de France était bien moindre que celle d'autres pays, comme l'Allemagne ou la Pologne, il n'empêche que quelque 75 % de cette population fut sauvée de l'anéantissement. C'est une réalité qui ne peut être oubliée et qui doit entrer en ligne de compte dans la compréhension de cette période si troublée de l'histoire française. - B.J.