Si l'on définit avec l'A. la communication comme production et mise
en circulation de sens (p. 19), on peut étudier la restitution
que donne le Journal du Concile de Congar des
débats et rédactions conciliaires plutôt que les Acta
Synodalia qui en offrent la version officielle
(p. 34). L'enjeu est de « se servir » de ce journal
personnel pour éclairer l'échange communicationnel de type
collectif. Le Journal est d'abord considéré en
lui-même (ire partie), puis l'A. s'intéresse aux
échanges et réseaux qu'il rapporte (ii), avant d'examiner le
pouvoir de la parole qu'il atteste (iii). L'observation attentive
de cette « oralité conciliaire » est suivie de l'examen
du travail de l'écrit alors opéré (iv), avant l'arrêt (v) sur deux
cas de termes qu'on cherche à introduire (au sujet de la Vierge
Marie) ou dont on veut se défaire (l'appellation de « peuple
déicide »). La conclusion revient notamment sur l'apport
majeur du Journal (les conversations
informelles, les rencontres interpersonnelles), et la postface
reprend tous les acquis de l'étude (p. 223s) ; on y voit
s'établir les « lineamenta » d'une méthode rigoureuse de
« recherche communicationnelle sur le religieux ». Une
abondante bibliographie recense 38 titres de Congar et 24 de l'A.
On ne dira pas que cet ouvrage (contrairement
au Journal de Congar) se fait roman
(p. 41), mais il y est amplement montré que la communication
religieuse offre un champ d'investigation qui ne peut négliger
ses composantes sociales, économiques, politiques, culturelles,
autant que « ses dimensions langagières, discursives,
iconiques, rituelles, théologiques et conceptuelles ». Ici, la
religion ne se vit pas, elle s'étudie (p. 230). -
N. Hausman s.c.m.