Après Questions de jeunes (1989) «qui se vend toujours très bien»
et Tiens la Route (1997) «qui a connu un franc succès», l'A.,
théologien chevronné, ose, à 75 ans, un troisième ouvrage (dont il
explique longuement la genèse du titre) en direction des jeunes,
concernés par l'avenir de la foi chrétienne dans le monde actuel.
Il y propose une interprétation «théologienne, donc franche et
optimiste», du déclin du christianisme, dont il présente et
critique les évaluations successives: La France, pays de mission?,
1943, Henri Godin et Yvan Daniel; Agonie du christianisme, 1947,
Emmanuel Mounier; Essor ou déclin de l'Église, 1947, Cardinal
Suhard; Le christianisme va-t-il mourir?, 1977, Jean Delumeau; Vers
une France païenne, 1999, Mgr Hippolyte Simon; Le Christianisme en
accusation, 2000, René Rémond.Le chapitre central expose la
dramatique divine: le mystère de la kénose de Dieu, surprenante
faiblesse et force fantastique, en réponse à la thèse de Marcel
Gauchet (Le désenchantement du monde, 1985) qui présente le
christianisme comme la religion de la sortie de la religion. L'A.
conclut par l'affirmation que nous ne sommes pas à la fin de
l'Église, mais au début d'une nouvelle évangélisation, qui se
manifeste dans les Écoles de la foi, le Renouveau, les JMJ,
l'importation de prêtres étrangers.Le style est bon enfant: La foi
est archisimple, Le divin n'est pas une semoule neutre, La Trinité
n'est pas un ketch up. Le ton est personnel: Les gens de ma
génération; De mon temps; L'A. nous confie ses diverses lassitudes:
des prêtres qui restent dans la nef au cours d'une messe
concélébrée, l'eucharistie dévalorisée par rapport à l'ADAP, la
confession sans aveu personnel, la promotion du laïcat en
concurrence avec l'essor des vocations, les suggestions
périodiquement réitérées (ordination de femmes ou de gens mariés,
divorce, avortement), «auxquelles des textes officiels opposent
sans faiblir un non résolu». - P. Detienne sj