«Deus existentia amoris». Teologia della carità e teologia della Trinità negli scritti di Riccardo di san Vittore (+ 1173)
P. CacciapuotiTeologia - reviewer : Leclair
Ses ouvrages sur la contemplation et la vie mystique ont influencé l'Occident jusqu'au XVIIIe siècle. Après une éclipse au XIXe siècle, son oeuvre surtout trinitaire revient en force. Prolongeant l'orientation augustinienne, il s'est servi de l'amour comme clé herméneutique pour comprendre Dieu, tout en se basant sur l'anthropologie, l'exégèse et la réflexion rationnelle, selon le principe de la foi cherchant à comprendre. Cacciapuoti suit de près la ligne herméneutique richardienne et réussit à dater avec assez de certitude ses nombreuses oeuvres selon trois périodes: avant, pendant et après son sous-priorat, le tout culminant dans le De Trinitate, sa dernière oeuvre, celle de la pleine maturité.
RSV base sa doctrine de la Trinité sur la distinction entre charité, dilection et amour, mais sans toujours les distinguer. Après une phase plus anthropologique, il passe à une étape plus théologique et sotériologique, puis mystique pour aboutir au sens proprement trinitaire. La charité nous assimile au Christ et nous rend participants de la divinité; la dilection, terme anthropologique et mystique, exprime les potentialités de la charité, l'amour, terme le plus anthropologique, lui inspire le mode de penser la Trinité et indique le lien ontologique reliant les différents niveaux d'être jusqu'à Dieu qui est l'Amour même. Le salut consiste dans l'exercice de l'amour trinitaire. Richard voit Dieu comme pure relation réciproque et ce sont les différentes relations qui différencient les Personnes divines. Saint Thomas le complétera en parlant de relations subsistantes. RSV, pour sa part, restera prisonnier d'un schéma hiérarchique en Dieu, alors que Thomas oser parler d'nomie.
L'herméneutique et la théologie s'influencent mutuellement. RSV cherche à penser selon des modèles logiques renouvelés la vision chrétienne de Dieu, mais sa conception reste trop peu basée sur la christologie et la pneumatologie, risquant même de demeurer une spéculation éthico-religieuse sur l'Absolu au lieu d'annoncer un Dieu-communauté qui crée à son image et sauve en invitant les créatures à participer à l'éternelle histoire de son amour. Telle est la conclusion de Cacciapuoti qui réalise ici un remarquable travail avec les éloges de son préfacier, Bruno Forte qui fait cependant quelques réserves sur l'usage excessif de l'herméneutique. - G. Leclair.