Le nom de Dieu serait-il le seul, interroge l'A. dans son
introduction, à avoir traversé les âges sans que varient son sens
et sa fonction? Le trouble qui a saisi les sociétés de l'Occident
dans leur rapport à Dieu manifeste l'émergence d'une telle
question. Énoncer le «Dieu bouleversé» conjugue avantageusement
deux affirmations: celle d'un désordre (de noms à l'égard de Dieu)
et celle d'une émotion (de Dieu à notre égard). Le livre développe
l'hypothèse que le mot «Dieu», dans la tradition chrétienne
occidentale, a signifié et effectué une série de ruptures
capitales, à la fois distinctes et complémentaires: entre la
rationalité grecque et le mythe (ch. 1), la foi biblique et
l'idolâtrie (ch. 2), le christianisme historique et le paganisme
(ch. 3), le Nouveau Testament et le moralisme du juste (ch. 4), la
modernité et la cosmologie antique (ch. 5). Comme nous les portons
en nous-mêmes, ces oppositions marquent nos représentations,
plurielles et croisées, du divin (cf. p. 10). Ainsi le
bouleversement traverse-t-il l'ensemble de l'ouvrage. «Qui donc»,
par delà le Dieu commun aux théismes et aux athéismes (ch. 6)?
«Nous n'avons pas fini de comprendre ce que veut dire 'croire' et
qui nous sommes appelés à être» (p. 213) en nous réappropriant «de
façon plus consciente nos traditions» (p. 215) - P. Piret, S.J.