Dieu personnel et ultime réalité. Je serai qui je serai (Exode 3,14)
André ThayseTeologia - reviewer : Jean Radermakers s.j.
L'A. procède avec méthode et rigueur. Après une intr. concernant les questions fondamentales de l'homme sur son monde et sa destinée, et la manière dont les sciences essaient d'y répondre tout en accusant leur limite, il convient de se tourner vers une autre approche, celle du judéo-christianisme, en les passant l'une et l'autre au crible de la critique. Dès lors, il consacre la 1e partie de son ouvrage à ce judéo-christianisme, dont il dégage le terme essentiel, l'amour vécu dans la liberté: Jésus entend restaurer l'homme dans sa réalité divine. Il y ajoute un autre regard où l'on apprend ce que vit le juif dans l'alliance, le temps, les noms de Dieu, la liberté octroyée à l'homme, l'affrontement au Mal et finalement l'expérience de Dieu que fait l'homme comme l'ultime profondeur de son être. Le regard chrétien est alors examiné: Jésus qui se présente comme le visage du Père, qui invite à une démarche de la personne, que l'on rejoint dans l'amour et qui donne à l'amour humain d'en appréhender l'Absolu. Dieu se découvre dans une connaissance dialectique et analogique. L'A. aborde la tradition scientifique et il commence par démystifier notre conception des cieux avant de parler de G. Lemaître annonçant le big bang, puis de la difficulté de penser réellement la matière et le temps, réclamant l'apport des mathématiques et de la physique. Il faut ainsi revisiter la vie elle-même en démystifiant le vivant, puis le pensant, tout en évoquant le principe anthropique de T. de Chardin. L'A. se lance alors dans un domaine qu'il connaît bien et où nous nous épuisons à lui emboîter le pas: le monde quantique avec sa physique propre. Il pose alors la question cruciale de «la réalité en soi»: y a-t-il moyen de l'atteindre et en avons-nous besoin? La conclusion est qu'elle nous demeure voilée; l'ultime causalité finalement nous échappe. Ici, un petit schéma significatif vient à l'appui de sa conclusion problématique (p. 120). Une 3e partie tente enfin de réconcilier la science et la spiritualité. Peut-on parler d'un Dieu cosmique? Rejoint-il ce que le croyant appelle Dieu dans la Bible et nous faut-il revisiter à notre tour notre théologie? Il touche encore quelques problèmes essentiels: Dieu créateur et autonomie du monde; Dieu vu de notre côté et du sien propre… La conclusion finale: «et Dieu dans tout cela?» Peut-on se prononcer? Si on se tourne vers les mystiques ou les prophètes - Jésus en était! - a-t-on encore besoin du discours de la science? Oui, parce que nous sommes au XXIe s. et que notre recherche postule une théorie ultime. Mais il nous faut nous contenter (ou nous estimer contents) de ce… «qui trouve dans l'amour tel qu'il transparaît dans la vie du Christ le fondement et le point fixe d'une alliance avec l'humanité» (p. 155).
Une profession de foi modeste et réaliste qui nous invite à poursuivre notre réflexion et à trouver la présence de notre Dieu dans la réalité de notre quotidien! Remercions André Thayse et son épouse de nous avoir conduits à des hauteurs inaccessibles pour nous permettre de nous en réjouir de loin, dans le langage de la prière de louange. -J. Radermakers sj