Dogme et inculturation en Afrique. Perspective d'une théologie de l'invention, préf. Cl. Geffré

L. Santedi Kinkupu
Missioni e giovani Chiese - reviewer : Jacques Scheuer s.j.
Doyen de la Faculté de théologie catholique de Kinshasa, l'A. aborde une problématique qui, pour être brûlante en Afrique, n'en concerne pas moins les Églises de tous les continents. Recueillant les fruits d'une thèse soutenue à l'Institut Catholique de Paris sous la direction de Cl. Geffré, la première section, après un bref examen de la notion de dogme selon Vatican I, expose clairement les enjeux des débats sur dogme et histoire qui secouèrent le monde théologique lors de la crise moderniste; l'A. s'intéresse en particulier à la contribution d'Édouard Le Roy (Dogme et critique, 1907). La seconde section suit l'évolution du Magistère, des condamnations de 1907 aux textes de Vatican II et au document de la Commission Théologique Internationale sur l'interprétation des dogmes (1989).
Sous le titre «La réception des dogmes dans le christianisme africain», la dernière section propose des réflexions personnelles sur «dogme et herméneutique» et dégage quelques traits caractéristiques de l'indispensable inculturation du travail théologique, au-delà d'une simple assimilation: une théologie qui court le risque de l'interprétation, une théologie de l'appropriation, enfin (en s'inspirant d'une formule d'Éd. Le Roy) une théologie de «l'invention». Est-il pensable pour autant de revenir «en amont des dogmes et des doctrines» (147-153)? Sur ce point notamment, l'A. n'hésite pas à engager un débat, toujours parfaitement courtois, avec d'autres penseurs africains (F. Eboussi Boulaga, J.-M. Ela, M. Hebga…). Il n'en plaide pas moins en faveur d'un véritable «pluralisme dans l'expression du dogme»: ce serait ouvrir, au sein du monde catholique, une perspective d'abord évoquée en contexte oecuménique (l'A. renvoie notamment à une étude de G. Dejaifve parue dans la NRT 89 [1967] 16-25). Dans les citations et les notes de cette 3e section, le lecteur croise fréquemment les noms de Gadamer et Ricoeur, Schillebeeckx et Geffré, ou encore Segundo et Amaladoss. Construit et rédigé de manière fort claire, l'ouvrage se recommande par les qualités que l'A. estime importantes pour le travail du théologien: «courage, liberté et sens de l'Eglise» (15). - J. Scheuer sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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