Du Sinaï au Champ-de-Mars. L'autre et le même au fondement du droit
Fr. OstMorale e diritto - reviewer : Jean Radermakers s.j.
Le développement est méthodiquement orchestré par une argumentation limpide et convaincante. La loi du Sinaï, qui se déploie à travers le Pentateuque, apparaît comme l'expression d'une Alliance entre Dieu et l'homme dans un dialogue qui traverse les générations. L'assemblée de la Pnyx (nom féminin!) révèle une démocratie qui s'auto-limite dans les décisions qu'elle prend grâce à un principe transcendant, instance de contrôle à laquelle chacun se soumet; la littérature tragique le souligne avec netteté. Au Champ-de-Mars, la nation délibère en autonomie, semble-t-il, et instaure le «contrat social» auquel on s'engage par serment à obéir; Machiavel, Hobbes, Pufendorf et Locke, Rousseau et d'autres sont tour à tour cités à la barre des témoins. La conclusion: «Le paradoxe politique que nous avons tenté de vérifier enseigne qu'une société ne peut être autonome que dans l'espace instituant du tiers qu'elle n'est pas. Et qu'elle ne peut négocier son droit que dans l'horizon d'une loi qu'elle n'a pas produite et que, pourtant, elle contribue à faire exister» (p. 124).
Pour nous guider dans cette réflexion, un professeur de droit aux Facultés universitaires St-Louis de Bruxelles, spécialiste des droits de l'homme et du droit de l'environnement. Président de l'«Académie européenne de théorie du droit» et de la «Fondation pour les générations futures», il sait de quoi il parle et il en parle avec sagesse. Son essai sur Le temps du droit (Odile Jacob, 1999) nous l'avait déjà démontré. Écrit dans un style alerte, ce volume enchantera les juristes, mais aussi ceux qui aiment réfléchir sur les fondements et le fonctionnement du droit. - J. Radermakers, S.J.