A. Gesché est maintenant décédé. On pensera à lui avec émotion en
lisant les actes de ce colloque qui fut le cinquième d'une série
mise en route par lui, avec la collaboration d'une petite équipe.
Après la question touchant ce que l'on entend par Dieu, il faut
revenir à l'interrogation préalable sur son existence. Si l'on veut
proposer Dieu comme une bonne nouvelle pour l'homme, encore faut-il
réfléchir positivement en théologien aux indications et aux
arguments susceptibles de montrer le bien-fondé de son affirmation.
Comme l'écrit P. Scolas, dans l'avant-propos, affirmer l'existence
de Dieu est un acte de liberté, c'est aussi un acte de libération.
Mais cette thèse ne sera irrécusable que si l'on a d'abord répondu
à cette autre question, inséparable de celle de son existence: si
Dieu n'existait pas, qu'est-ce que cela changerait? Cela ne
changerait sans doute pas grand-chose à notre univers culturel et
social. Mais cela change tout pour celui qui se tourne vers
l'altérité de Dieu, dans la contemplation du crucifié. OEuvres de
théologie, les communications rassemblées dans ce volume parcourent
un large champ d'interrogation: A. Gesché, Le manque
originaire; Fr. Mies, L'idée de Dieu suffit-elle? Raison,
prière et Bible; J. Scheuer, Le «noble silence» du
bouddhisme. Est-il opportun de trancher la question de Dieu?;
M. Balmary, Le presque rien de l'esprit; P. Valadier,
Morale pour un temps de nihilisme; B. Van Meenen, Sans
l'humain, pourquoi Dieu? Chemins bibliques entre Dieu et
l'idole; L. Van Campenhoudt, Comment rester Dieu dans un
monde pluraliste?; A. Gesché, Un Dieu précaire.
Quelle conclusion tirer de ce colloque? Peut-être A. Gesché la
formule-t-il, et on peut y voir comme une sorte de testament: Dieu
ne s'invoque pas d'abord comme un plein mais comme une béance. Ce
n'est alors qu'il peut advenir. Sa présence ne peut se découvrir
que parce que l'Autre s'est préalablement fait absence. - H. Jacobs
S.J.