Dans ce recueil de sept conférences prononcées en un quart de
siècle sur trois continents, l'A., professeur d'histoire des
religions, archevêque de Tirana, présente la vision oecuménique
propre à l'Église orthodoxe comme «la meilleure réponse» aux
problèmes soulevés par la mondialisation, les droits humains, la
culture, la rencontre avec l'islam et avec les autres religions.
Son leitmotiv: une koinonia d'amour universelle, depuis la création
de l'homme à l'image du Dieu trinitaire jusqu'à la Jérusalem
céleste. Relevons quelques thèmes. Tout être humain est homotimos
dans la dignité, l'égalité et la liberté, avec le droit fondamental
d'aimer et d'être aimé. En orthodoxie, l'anthropologie est
trinitaire; la christologie s'étend, au-delà du Jésus historique,
au Logos d'avant et d'après l'incarnation… La nature est sacrée:
les générations futures ont droit au développement durable… L'A.
présente la vie commune des monastères comme le symbole de la
société idéale. Il note les importants emprunts que le communisme a
fait au christianisme. Il relève, dans l'histoire des rapports avec
l'islam, le respect et l'irénisme de Grégoire Palamas, de Manuel II
Paléologue et du Patriarche Gennadius. l'influence de la prière
monacale telle qu'elle est décrite par Cassien sur la prière
musulmane et l'influence de l'architecture byzantine sur le style
des mosquées, jusqu'en Malaisie aujourd'hui. Il nous apprend que
les chrétiens orthodoxes ne partagent pas la culpabilité des
Occidentaux envers le tiers monde, ayant été eux-mêmes non pas
oppresseurs, mais opprimés. Il ajoute que les Croisades ont
affaibli l'orthodoxie et exaspéré le fanatisme musulman. Et il
invite l'Église orthodoxe à se garder de «l'empressement de Rome à
émettre un jugement sur tout nouveau problème et à prescrire des
solutions détaillées». L'ouvrage, excellemment traduit, est enrichi
d'un précieux index. - P. Detienne sj