Rares sont les livres théologiques qui, en France, recueillent les articles d’un auteur. Tout au contraire, ils sont nombreux en Italie, tout simplement, parce qu’ils ont leur public. L’inconvénient en est souvent le manque d’unité, sauf matérielle. En revanche, ils donnent d’avoir accès à des écrits disparates, ici d’un des bons connaisseurs de la vie, de la spiritualité, autant de Karol Wojtyla que de Jean-Paul ii, de l’homme de lettres comme du politique et du mystique. Aldino Cazzago, carme déchaux, enseignant d’histoire de la théologie orthodoxe et d’hagiographie, fréquente l’œuvre du pape polonais depuis son élection et lui a déjà consacré deux ouvrages. Multiples sont les thèmes abordés : le rôle du père de Karol, orphelin de mère à l’âge de neuf ans – « Encore aujourd’hui, sa voix résonne en moi » (p. 24), affirmait-il à André Frossard en 1983 –, influence qui se lit dans la pièce encore trop peu connue, Rayonnement de la paternité ; la beauté et l’art, mis en œuvre dans les pièces et poèmes (comme le Chant du Dieu caché), réfléchie et évangélisée (dans la retraite qu’il a prêchée en 1962, L’Évangile et l’art) ; son rôle dans la chute du mur de Berlin, attesté par M. Gorbachov lui-même (p. 88) ; l’intuition d’un martyrologe commun aux trois confessions chrétiennes (p. 98s) et l’image heureuse des « deux poumons » de l’unique Église (chap. 6) ; la sainteté comme « plus » (chap. 7) ; le « témoignage » comme clé de la vie et de la pensée de celui que, fin connaisseur de l’histoire de l’Église, Benoît xvi a osé appeler « Jean-Paul ii le Grand » (chap. 8). Le public francophone, qui ne possède toujours pas une édition critique des œuvres complètes de Karol Wojtyla, dispose ainsi, s’il lit l’italien, d’une approche de thèmes qui lui sont moins familiers. — P. Ide