Göttliche Allmacht und theologische Vorsicht. Zur Rezeption, Funktion und Konnotationen des biblisch-frühchristlichen Gottesepithetons « pantokrator »

M. Bachmann
Teologia - reviewer : Jean-Louis Ska s.j.
«Si Dieu est tout-puissant, il est responsable du mal; et s'il n'est pas responsable du mal, il n'est pas tout-puissant». La formulation de ce dilemme par Albert Camus résume en une phrase le sujet de ce livre qui conjugue théologie, pédagogie et exégèse. L'A. part non pas de Camus, mais du credo, puis d'une réflexion de Goethe à propos du tremblement de terre qui détruisit Lisbonne en 1755 et il continue en citant le Candide de Voltaire toujours à propos de ce même événement. Il cite encore H. von Kleist, des réflexions d'enfants, d'adolescents et de psychologues. Un second chapitre est consacré au problème de la souffrance, en particulier celui de la souffrance des innocents et du problème théologique posé par la Shoah. La troisième partie approche le problème par le biais de la philologie. Ici, l'A. «ratisse» tout l'Ancien et le Nouveau Testament, tout comme la littérature (improprement) dite «intertestamentaire». Une conclusion, quelques illustrations, une bibliographie et les index d'usage complètent cette étude très fouillée.
Le résultat le plus évident de cette longue enquête est assez simple : il vaut mieux éviter le langage de la toute-puissance divine, surtout en raison de déviations ou dérapages de sens que ce vocabulaire a connu à partir de l'ère constantinienne et au moyen-âge. Le vocabulaire biblique originel comme celui des premiers écrits chrétiens ne parlait pas de la toute-puissance divine dans le sens d'un «contrôle» universel. Il y va plutôt de la souveraineté de Dieu sur le cours de l'histoire, souveraineté qui nourrit l'espérance, spécialement dans un contexte eschatologique. Au terme «Tout-Puissant» («Allmächtig»), l'A. préfère - mais est-ce beaucoup mieux? - ceux de «Allherrscher» («Souverain de tout [l'univers]»; p. 193) ou «eschatologischer Sieger» («Vainqueur eschatologique»; p. 194). Ces conclusions se basent presque exclusivement sur l'étude du vocabulaire hébreu, grec et latin employé par les sources. La philologie a donc la part du lion dans l'argumentation; c'est ce qui fait et la force et la faiblesse de cet ouvrage par ailleurs rigoureux et consciencieux. Car la toute-puissance de Dieu est un thème qui n'est pas uniquement lié au vocabulaire, comme la bonté de Dieu n'est pas seulement décrite dans les textes qui emploient le vocabulaire de la «bonté» à propos de la divinité. Il suffirait de relire quelques pages de James Barr à propos de la sémantique biblique pour s'en convaincre. Toujours est-il que l'ouvrage, destiné avant tout aux spécialistes, est stimulant et même passionnant, malgré ces quelques réserves, parce qu'il met en garde contre des conceptions trop simplistes, trop «impérialistes» et trop statiques de la toute-puissance divine pour remettre en honneur des vues plus concrètes et plus «relationnelles» de cette notion difficile. - J.-L. Ska, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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