Histoire d'Israël et de Juda. Introduction à l'histoire d'Israël et de Juda des origines à la révolte de Bar Kokhba, tr. C. Bonnet

J.A. Soggin
Sacra Scrittura - reviewer : Jean-Louis Ska s.j.
Écrire une «histoire d'Israël» aujourd'hui est une vraie gageure et certains vont même jusqu'à mettre en doute la possibilité d'une telle entreprise. Les avatars de la discipline se reflètent sans conteste dans ce volume qui a lui aussi connu une longue «histoire». La première édition en italien date de 1984. Traduite en plusieurs langues, elle fut révisée par son auteur en 2002. La traduction française est faite sur cette dernière édition. Entre-temps, le monde francophone a pu parcourir le livre de I. Finkelstein - N.A. Silberman, La Bible dévoilée, Paris, Bayard, 2002 et le public italien celui de M. Liverani, Oltre la Bibbia, Rome, Laterza, 2003. En anglais, on pourra citer au moins le travail collectif de I.W. Provan - V.Ph. Long - T. Longman III, A Biblical History of Israel, Louisville, KY - London, Westminster John Knox, 2003, de tendance assez conservatrice comme le dénote le titre. Le volume de J.A. Soggin a plus d'un mérite et il vaut la peine de les souligner au moment où la bataille fait rage entre spécialistes de la discipline. Tout d'abord, il est très bien documenté et fournit d'excellents résumés sur les discussions en cours dans les différents domaines qu'il aborde. En second lieu, il évite les positions extrêmes tout en cherchant à informer au mieux le lecteur sur les arguments avancés par les uns et les autres. Enfin, il est un des rares historiens actuels à oser entreprendre une histoire complète d'Israël et de Juda depuis les origines jusqu'à la révolution de Bar Kochba. La plupart des ouvrages actuels ont des ambitions plus modestes. D'autres auteurs pourront être plus pointus, plus précis ou plus à jour dans certains domaines, mais J.A. Soggin est tout simplement plus complet. Par ailleurs, un lecteur attentif ne pourra manquer de noter quelques inévitables tensions ou imperfections. Par exemple, l'A. affirme dans la préface qu'il ne considère plus le règne de David et de Salomon comme le point de départ d'une histoire d'Israël (p. 57) et il intègre donc ce chapitre dans ce qu'il intitule «Les traditions sur la préhistoire du peuple d'Israël».
Toutefois, le plan de l'ouvrage reste très classique et suit en gros le fil du récit biblique: patriarches, esclavage en Égypte, exode, installation en Canaan… A propos des patriarches, l'A. commence son exposé d'une manière très traditionnelle en disant qu'il existe de nombreux liens entre ces récits, surtout ceux qui appartiennent à la source Yahwiste (J), et les anciens récits sur la monarchie unifiée (p. 72). Une telle assertion est aujourd'hui doublement problématique. D'une part, comme on vient de le dire, les documents sur le royaume de David et Salomon sont à lire avec beaucoup de circonspection et, de l'autre, l'existence d'un document J d'époque davidique est actuellement remise en question, tout comme d'autres conclusions liées à l'hypothèse documentaire classique d'ailleurs. Le rapprochement entre Gn 12,2 et 2 S 7,9, entre autres, n'est sans doute pas fortuit puisqu'on parle dans les deux cas d'un «grand renom». Toutefois, de nombreuses études récentes considèrent ces deux textes comme étant très tardifs. Le reste du chapitre corrige cette première «attaque», mais le lecteur a l'impression que le texte aurait pu être davantage «revu, corrigé et mis à jour». Il n'est pas toujours facile, comme chacun sait, de coudre une nouvelle pièce sur un vieux vêtement. Il était en outre inévitable que certaines pages se contentent d'un résumé de la discussion et renvoient à d'autres ouvrages pour de plus amples informations. La traduction française de C. Bonnet est d'une grande qualité. Un détail, toutefois: l'expression «code de l'alliance» (Ex 21-23) est plus usuelle que «livre du pacte» (p. 62). Une bibliographie de plus de 70 pages et de nombreux index - assez succincts - complètent l'ouvrage. Dans la bibliographie, p. 496, le même titre est repris deux fois sous les noms de E. Zenger et E. Zwenger. Il s'agit cependant de détails et, en fin de compte, il faut surtout féliciter les éditions Lessius pour cette heureuse initiative dont le public de langue française ne peut que se réjouir. - J.-L. Ska sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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