Après avoir consacré deux ouvrages au Père Fessard, l'A. nous
propose ici, en une «rumination» très personnelle qui s'interdit
toute référence aux commentaires anciens et aux études modernes,
une lecture croisée d'Ignace le mystique et de Fessard le
philosophe. Leur point de départ et leur but sont partagés: Dieu
pour l'homme; l'homme pour Dieu. Les cheminements rationnels
proposés par Fessard atteignent ce qu'Ignace a découvert
spontanément, dès sa «prétendue conversion» à Loyola, que l'A.
considère comme la première de ses nombreuses illuminations, une
irruption du divin, une visite plus encore qu'une vision, une
consolation sans cause. Recherchant la spécificité et la
complémentarité de leurs messages respectifs, l'A. évoque deux
voies qui se rejoignent: celle de l'humanisme divino-humain (et de
l'Universel divin) d'Ignace, spontanément porté vers l'Être; et
celle de l'humanisme humano-divin (et du Bien commun universel) de
Fessard, cherchant à unir l'actuel et l'éternel. Fessard a opéré au
niveau de l'Agir humain ce qu'Ignace avait perçu et signifié au
niveau de l'Être. Dans un souverain respect exégétique du livre des
Exercices Spirituels, Fessard prolonge la pensée et les
perspectives ignatiennes, en en décryptant et explicitant les
valeurs non seulement spirituelles et philosophiques, mais aussi
anthropologiques, historiques, sociologiques, politiques. Quant à
l'au-delà d'Ignace, cette part indicible qui concerne ce qu'il n'a
pas écrit, l'A. suggère que Fessard l'a partiellement méconnu… et
qu'il reste la matière de ses propres recherches. - P.-G.D.