Né à Cassel en Allemagne, dans une famille bourgeoise juive assimilée, Franz Rosenzweig (1886-1929) mena une vie tourmentée, riche en crises. Il commence des études de médecine et bifurque en philosophie. En 1912, il rédige sa thèse sur Hegel. Entre 1910 et 1913, au contact d'amis protestants et judéo-protestants, il passe par une crise religieuse qui le mène au seuil de la conversion. Il redécouvre alors les racines spirituelles et culturelles du judaïsme. Durant la guerre de 1914-18, il continue à penser intensément et compose Le Cri, prélude à son chef-d'oeuvre L' Étoile de la rédemption. En 1920, il fonde à Francfort un Institut d'études hébraïques et commence en 1922. Atteint par une paralysie latérale progressive, il entreprend avec Buber une traduction allemande de la Bible hébraïque.
Il rejette la philosophie allemande avec ses théories totalisantes, car il veut sauver l'irréductible singularité de chaque homme. De Hegel, il garde l'idée messianique de l'histoire. De Kant, il reprend les trois réalités fondamentales, Dieu-monde-homme, mais qu'il veut en dialogue: Dieu va vers l'homme à travers la création, la Révélation et la Rédemption. F.R. relit le judaïsme et le christianisme de façon originale, en tension vers l'éternité, le judaïsme jouant le rôle de vérité supra-temporelle et le christianisme un rôle historique et missionnaire; mais les deux religions doivent demeurer distinctes et garder leurs différences irréductibles.
Le petit texte de 20 pages intitulé Le Cri porte un second titre: Unité et éternité. Un dialogue entre le corps et l'âme. Ce texte n'a été «retrouvé» qu'en 1984, parmi les milliers de lettres adressées à ses amis judéo-chrétiens, alors qu' il fut rédigé en janvier 1918, pendant qu'il élaborait son grand livre. Le Cri est une méditation sous forme d'images poétiques et dramatiques sur la condition humaine et «l'incarnation» de l'âme dans le corps. Ce dialogue entre le corps et l'âme, ou encore entre l'homme et la femme, s'achève par un «cri» poussé à l'unisson par les deux composants, à l'adresse de l'Être souverain, appelé «Père» (d'après Is 63). La «rédemption» est la reconquête de l'unité originelle, ce qui est proprement un «miracle».
F.R. s'est désintéressé de cet essai qu'il jugeait «confus et trop dualiste». Elle est publiée ici en allemand et en traduction italienne, avec de nombreuses notes biographiques et critiques. - B.C.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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