La période couverte par ce volume concerne une époque passablement
mouvementée de l'histoire des Frères des Écoles chrétiennes. Une
première partie (1805 1830) voit le rétablissement de l'Institut,
supprimé en France par la Révolution en même temps que les autres
congrégations religieuses. Elle se fait en deux étapes, sous
l'Empire napoléonien, puis sous la Restauration. Un problème se
présenta alors, l'affrontement des cultures entre les héritiers de
la révolution et les membres de l'ordre ancien rentrés dans
l'institut avec la nostalgie du passé. Dans l'ensemble, les Frères
se situèrent du côté de l'ordre établi. Une seconde période (1830
1845) se caractérise par un progrès de l'Institut dans le contexte
européen. Il est notamment marqué par la conquête de la liberté de
l'enseignement. Une troisième période (1850 1875), marquée par la
forte personnalité du Frère Philippe, se caractérise par un
développement rapide dans le cadre de l'Europe chrétienne et dans
le monde. L'essor missionnaire accompagna un peu partout les
conquêtes coloniales. Ceci eut entre autres pour conséquence
l'importation (inconsciente) d'un christianisme à l'européenne. Des
Français notamment, on a dit qu'ils étaient «missionnaires de Dieu
et de la France». Conséquence inattendue, mais dont ils
profitèrent, des gouvernements anticléricaux favorisèrent l'entrée
dans les colonies de ceux qu'ils contrecarraient chez eux. Les
problèmes de l'acculturation et de l'inculturation n'apparaîtront
qu'au siècle suivant.
Globalement, l'apport de l'Institut durant ces trois quarts de
siècle d'un développement rapide fut positif aux plans scolaire et
apostolique. Les Frères le durent en bonne partie au fait que leur
genre de vie se maintenait très proche de celui de leurs élèves.
Leur inlassable dévouement fit d'eux des apôtres zélés et des
éducateurs capables de répondre à la gamme des demandes qui
caractérisent cette époque. - †L. Renwart sj