Malgré des formats hétéroclites et une piètre photo de couverture,
la trilogie que les éditions du Cerf reproduisent à l'identique
rend à nouveau disponible une oeuvre maîtresse de la spiritualité
contemporaine. Dédié à dom C. Lialine, bénédictin de Chevetogne, le
premier ouvrage passe (presque sans note ou référence
infrapaginale, sinon scripturaire) de la «théorie» à la «pratique»,
se fondant dans la recherche de Dieu et la vie angélique pour
indiquer les chemins du dépouillement (parmi lesquels la Lectio
divina) qui font finalement du moine «le seul véritable humaniste»
(312). Le style très vif, emporté parfois et souvent flamboyant,
permet de souffrir les passages qui datent (comme ici la méditation
sur la Messe, sans aucune mention de l'Esprit-Saint). Dans le
volume plus modeste consacré à la vie sacerdotale et dédié au Père
Morin, de l'Oratoire, la moitié du texte environ porte sur le
ministère de la Parole, vigoureusement (et prophétiquement)
présenté; certains morceaux se révèlent également obsolètes, mais
le comique de certaines descriptions (comme l'état des sanctuaires,
en France) les rend toujours intéressants, d'un autre point de
vue.
Mis sous le patronage de la Vierge Marie «Almae Deiparae», le
dernier volume (qui comporte des illustrations plus ou moins
datées) est évidemment le plus didactique, avec ses courtes
bibliographies à la fin de chaque chapitre et son exemplaire
bibliographie finale des grands classiques (un abrégé de la
bibliothèque idéale, superbement dénommée «les adjuvants de la vie
spirituelle»). Si le souffle des prédécents volumes s'atténue,
c'est au profit de chapitres remarquables sur la prière, l'ascèse
et l'approfondissement des diverses spiritualités (laïque,
religieuse, sacerdotale) en vue des rythmes de la vie spirituelle
(purification, illumination, union, mystique). Une trilogie
mémorable donc, qui aurait sans doute gagné à être actualisée par
un commentaire «critique» - N. Hausman scm