Il ne s'agit pas ici d'un «commentaire» du Théétète, du moins à la
manière d'une explication progressive du texte, ligne après ligne,
ou à la façon d'une thèse universitaire qui disposerait les
opinions pour les faire débattre entre elles, mais d'un dialogue
avec une pensée qui anime la réflexion contemporaine sur l'essence
du savoir. Le texte platonicien n'est pas considéré ici comme un
catalogue d'opinions définitives bien qu'anciennes et donc
vénérables, mais comme un interlocuteur autorisé pour une
discussion depuis toujours essentielle et aujourd'hui encore très
vive dans le monde anglo-saxon. Selon l'A., Platon laisse son écrit
dans l'aporie, qu'il n'entend pas conclure par quelque dogme.
L'ouvrage est divisé en trois parties, tout comme le
Théétète lui-même: la première définit le savoir par la
perception, la seconde par le jugement, et la troisième par le
jugement vrai. Au bout du compte, on ne sait pas trop à quelle
thèse se relie Platon, sinon à celle-ci: à travers les discussions
qui forment la trame du dialogue, le savoir a de toute manière
progressé. Platon ne fait donc pas tant découvrir ce qu'est
l'essence du savoir que l'exigence de lui laisser un espace de
déploiement. L'A., philosophe analytique, fait en outre de Platon
un philosophe analytique. À son avis, «il y a autant ou plus à
apprendre en soulevant des questions pour découvrir ensuite dans le
détail pourquoi une réponse tentante mais fausse est fausse» (p.
15). Ce serait de cette manière que progresserait le savoir. - P.
Gilbert, S.J.