La cause de béatification du Père J. Sevin S.J. (1882-1951) a été introduite par les religieuses de l'Ordre de la Croix de Jérusalem, anciennes cheftaines et filles spirituelles du Père. Jésuite lui aussi et membre de l'Équipe Nationale de la Route, le Père Manaranche, s'appuyant sur les archives de J.S., entend laver ce dernier des jugements hâtifs et injustes répandus par quelques historiens qui n'ont jamais jugé utile de consulter son dossier. Sans souci d'écrire une biographie de «celui qui a le mieux compris Baden-Powell» au dire de ce dernier, l'A. se limite stictement aux activités scoutes de Sevin pour faire éclater la vérité sur cette période.
Il en ressort que J.S. peut être déclaré le vrai fondateur du scoutisme catholique (B.P. était lui-même déiste et non pas chrétien), auteur du texte de la loi scoute christianisée - elle fut à peine retouchée en 1964 -, créateur du cérémonial de la promesse et de tant de beaux textes chantés sur des airs existants pour créer une spiritualité scoute chrétienne. Ajoutons-y des livres pour expliquer la Loi et la spiritualité du mouvement. Ceci était déjà assez connu, mais le point délicat où Manaranche fait oeuvre de pionnier, c'est celui où il tire au clair le projet d'un ordre religieux et chevaleresque divisé en trois branches et destiné à d'anciens chefs et cheftaines, projet que J.S. commença d'élaborer dès 1918 et qui lui attira tant d'hostilités!
Ces chevaliers imprégnés d'esprit scout chrétien devaient entraîner le scoutisme vers le haut et l'empêcher de trop pencher vers le temporel, risque qui reste toujours présent. Soutenu par le P. Desbuquois S.J., l'abbé Cornette, ex aumônier-général scout, et Mgr Liénart de Lille, Sevin réunit tous les 15 jours à Paris un groupe de chefs pour appliquer lentement ses idées. En 1931, il étend son projet à des cheftaines. L'opposition des grands chefs laïcs scouts est acharnée, tant il sont imprégnés de l'esprit maurassien qui entend séparer complètement le temporel du spirituel, et ne tiennent nullement à être dépassés par une super-élite scoute. Son supérieur pense malheureusement comme eux et obtient du Père Général l'ordre de cesser ce mouvement. Sevin obéit et malgré cela, en 1933, les chefs laïcs l'écartent du scoutisme. Néanmoins en 1944 quatre cheftaines reprennent son projet et fondent l'Ordre de la Croix de Jérusalem. Manaranche décrit en détail ce projet et en montre la richesse, mais il se montre si ardent à le magnifier qu'on ne distingue pas toujours ce qui vient de lui et ce qui appartient à Sevin. On peut regretter qu'il ne fournisse pas plus de données biographiques pour mieux situer le P. Sevin, mais il est possible qu'il songe à écrire plus tard une biographie complète.- B. Clarot, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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