Jeunesse de l'Église (1936-1955). Aux sources de la crise progressiste en France, préf. Ét. Fouilloux

Th. Keck
Storia - reviewer : Bernard Joassart s.j.
Étienne Fouilloux le fait remarquer d'entrée de jeu dans la préface: «Jeunesse de l'Église? Maurice Montuclard? Ce titre et ce patronyme, âprement discutés en leur temps, s'enfoncent dans le passé d'un catholicisme français ne brillant guère par sa mémoire… Et pourtant, comment écrire l'histoire religieuse de la France au XXe siècle sans y remettre Jeunesse de l'Église à sa juste place par une reconstitution minutieuse de son histoire-bataille et de son parcours intellectuel, certes moins exaltante que la légende, noire plus souvent que dorée, dont Montuclard et les siens ont été victimes?» (p. 11).
Le sujet était ardu. Ardu parce que Jeunesse de l'Église appartient à ce que l'on appelle le «progressisme chrétien», une réalité pour le moins complexe, et qui n'a jamais laissé indifférent. Ardu, parce que les sources ne sont pas toutes accessibles, d'aucunes d'ailleurs pour sans doute encore longtemps, notamment celles du Saint-Office et celles de la curie généralice des Dominicains.
Il fallait donc beaucoup de courage à Th.K. pour entreprendre une thèse de doctorat consacrée à ce sujet, dont est issu ce volume. D'abord pour exposer le projet et ses applications élaborés par ce dominicain philosophe, alors que le catholicisme français connaît depuis la Grande guerre un bouillonnement peu ordinaire, de revitaliser l'Église en partant de sa structure la plus traditionnelle - entre autres la paroisse - tout en la voulant la plus proche de l'histoire la plus immédiate. Le projet se révéla d'autant plus audacieux que, même nourri de la pensée de personnalités aussi sûres que celles d'un Maritain, d'un Mounier et tant d'autres, le marxisme était alors une référence intellectuelle qu'on qualifierait de nos jours d'«incontournable» et que Montuclard voulut en tenir compte avec le plus grand sérieux.
Il fallait un même courage pour essayer de démêler l'écheveau d'une instruction qui, dans le sillage de l'interdiction faite aux catholiques de toute collaboration avec les communistes, allait aboutir notamment à la condamnation de Jeunesse de l'Église par l'Assemblée des Cardinaux et archevêques de France et à la réduction à l'état laïc de Montuclard. Et l'on peut dire que l'A. est arrivé au bout de ses peines. Pour ces motifs, le livre mérite de retenir l'attention. Mais il y a plus: la manière dont il s'y est engagé. Ét. Fouilloux a certainement trouvé la formule la plus appropriée: il «a préféré comprendre et faire comprendre» (p. 15). - B. Joassart sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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