L’Église et le féminin. Revisiter l’histoire pour servir l’Évangile
Anne-Marie PelletierStoria - reviewer : Yves Simoens s.j.
Membre de l’académie pontificale pour la vie et de la commission pontificale sur le diaconat féminin, Anne-Marie Pelletier poursuit sa réflexion en creusant ici la Tradition, toujours articulée à l’Écriture. Des « traditions » ont pu en effet s’ajouter à la Tradition au cours du temps et par le jeu de cultures différentes, « tout un cortège de représentations reçues (…) qui dessinent un ordre ecclésial ayant fini par passer pour naturel, nécessaire, intrinsèque à la foi » (p. 7-8). Le livre se compose dès lors de deux parties : « Éclairer le présent par le passé » et « Deux questions à repenser ».
La première se met d’abord « À l’écoute de l’anthropologie » pour s’orienter ensuite « Vers une “métaphysique des sexes” chrétienne », puis « Sur la nouveauté chrétienne ». « Des hésitations sur l’imago Dei » laissent ensuite stupéfait face à des positions diverses sur « la disqualification du féminin » (p. 68). « Une ambiguïté de conséquence : le féminin au prisme de la “virginité consacrée” » se clôt sur Augustin : « Il laissera de funestes pensées sur la concupiscence, qui saliront durablement la sexualité dans la pensée chrétienne » (p. 80).
La deuxième partie s’ouvre sur ce qui relève « De l’usage de la métaphore conjugale ». L’experte du Cantique des Cantiques redouble ici de finesse en ajustant la conciliation entre le conjugal et le nuptial (p. 111-120). « L’amour est un ; il est un seul amour » (p. 119). Cet axe respecté, que d’abus évitables ! « Repenser un spécifique féminin » cherche ensuite à pondérer le discours sur l’éloge, la spécificité, le génie féminin, la complémentarité en faveur d’une plus équitable répartition des tâches entre hommes et femmes. « Non pas “autre chose et mieux”, mais “la même chose autrement” » (p. 156), en sauvant le pluriel. « Le fait d’être femme aujourd’hui dans l’Église catholique, sans accès au sacerdoce ministériel, devrait rendre d’autant plus apte à signifier haut et fort, pour tous, la prééminence absolue de l’identité baptismale » (p. 163). Un ouvrage-phare, à lire et relire pour s’en nourrir. — Y.S.