On ne peut que se réjouir de la réédition de ce texte paru en 1990
(dans la série «Parcours» au Centurion et sitôt réimprimé en 1992)
non seulement en raison de sa qualité intrinsèque, mais encore
parce qu'elle nous vaut quatre Annexes sur des questions en débat.
Un état des lieux à propos de questions toujours à réexaminer: le
péché originel est-il à l'origine du mal? (ici le familier
d'Augustin qu'est le P. Neusch nous offre un rappel succinct mais
très clair de l'histoire de cette doctrine); une prise de position
très ferme, philosophique, anthropologique et sotériologique à
propos de la réincarnation dont la promesse séduisante se révèle
clairement hors pensée chrétienne; une très sensible exposition de
la «troublante question » de l'enfer dont «la possibilité […] ne
peut être écartée au nom de la miséricorde de Dieu comme le fait la
doctrine de l'apocatastase» (185); enfin les très belles pages en
dialogue avec Hans Jonas justement titrées «L'excès de mal ou la
faiblesse de Dieu». Une précieuse bibliographie commentée complète
cette réédition d'un travail dont on avait déjà apprécié en son
temps, outre la tenue du propos, la très grande qualité, devrait-on
dire pédagogique et pastorale. L'auteur s'explique: «Alors que le
chapitre III, en présentant la folie de la croix comme la sagesse
même de Dieu, constitue le pivot central du dispositif - ce qui
indique que, pour nous, seule l'expérience du Christ est pleinement
éclairante sur la question du mal -, le chapitre II s'intéresse aux
sagesses humaines, sagesses qui se sont développées à la fois en
dehors du Christ et au sein du monde chrétien, tandis que le
chapitre IV analyse les attitudes face au mal, en particulier la
pratique qu'engendre la foi au Christ. Les chapitres II et IV se
répondent comme théorie et pratique. Quant au chapitre initial, en
nous faisant entendre le cri de l'homme souffrant, il nous place
d'emblée, à l'exemple de Dieu, du côté de la victime du mal. Le
dernier chapitre évoque l'espérance que le Christ a éveillée au
coeur de l'existence humaine, reprenant la question du sens ultime
de l'existence humaine que le chapitre I avait laissée en suspens.»
Modestement l'auteur parle de ce qu'il nous propose comme d'une
«initiation», mais on ne le remerciera jamais assez de nous
introduire ainsi à la méditation de notre salut et à l'engagement
de notre vie aux côtés de Celui qui le premier nous a rejoints dans
ce combat. Un livre à recommander sans réserve. - J. Burton sj