Précédées d’une préface vigoureuse en faveur de l’Europe (J.-P. Rioux) et suivies d’une chronologie et d’un lexique, les contributions ici rassemblées explorent la géométrie variable des populismes : poussée qui entend prendre la défense du patrimoine de l’Europe – entendez autant son mode que son niveau de vie – en particulier contre l’immigration musulmane (D. Reynié) ; conjonction, en Italie, du télépopulisme de S. Berlusconi, du cyberpopulisme du parti Cinq étoiles et du « populisme du haut » endossé par les classes dirigeantes (J.-L. Pouthier) ; contestation en Europe centrale – en particulier en Hongrie – d’un libéralisme qui menace la survie des nations, déjà éreintées par le communisme (R. Krakovsky)… Deux études plus théoriques encadrent ces trois analyses : P. Valadier s.j. affronte la question de savoir de quel peuple il s’agit lorsqu’on définit la démocratie comme « le gouvernement du peuple, par et pour le peuple ». Puisque le peuple ne peut se gouverner lui-même sans passer par des institutions, ne vient-il pas un moment où il pourrait se trouver trahi ? D’où le double populisme : de gauche, qui dénonce l’illusion du consensus démocratique, alors que tant de marginaux (chômeurs, LGBT, immigrés…) ne s’y retrouvent pas, mais aussi de droite, qui reproche aux élites de mépriser, au nom de la rationalité abstraite des Lumières, l’aspiration des petites gens à retrouver leurs racines. P. Valadier range Chantal Delsol dans ce second type, mais l’A. de Populisme, les demeurés de l’histoire accepterait-elle d’être ainsi désignée ? Elle ne récuserait en tout cas pas le remède proposé par l’A. contre tous les populismes, à savoir de former inlassablement l’esprit critique des citoyens. L’autre étude, de J.-W. Müller, parle d’antipluralisme. Ceux qui se présentent comme les seuls aptes à représenter le vrai peuple ne peuvent, en effet, admettre le débat démocratique, alors que la démocratie se définit précisément par l’incertitude. Comparaison intéressante : les technocrates adoptent le même réflexe puisqu’ils sont sûrs, eux aussi, d’avoir la bonne solution. — X. Dijon s.j.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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