Un savant dominicain, directeur de la coll. Bibliothèque de la
Revue thomiste et lui-même thomiste chevronné, publiciste et
romancier, a composé cet ouvrage à l'intention des acteurs de la
«nouvelle évangélisation». Il y tente de nous convaincre
d'évangéliser coûte que coûte: un défi à relever dans la
conjoncture actuelle définie comme «postmoderne». Son prologue (p.
14), explicite sa démarche en quelques traits incisifs: connaître
son interlocuteur, chercher à le comprendre afin de dialoguer en
vérité, trouver le langage et les arguments solides capables de le
persuader, au risque de l'irrévérence; bref de façon
«impertinente». A-t-il réussi son pari? Au lecteur de juger, s'il a
de bons yeux à même de lire les notes minuscules, et s'il a le
courage de persévérer, car son texte, écrit dans un style vif et
passionné, certes, mais prolixe, foisonnant et un peu
touche-à-tout, finit par lasser. Les références à l'Écriture sont
malheureusement fort rares, alors que l'évangélisation devrait
d'abord se manifester par une conversion à l'évangile de
l'évangélisateur lui-même.
Le parcours se dessine en sept étapes: sens des termes «modernité»
et «postmodernité»; l'enjeu de mai 68; une culture en
déconstruction; la relation entre chrétien et laïcité;
l'évangélisation à temps et à contretemps; où sont les
évangélisateurs; le chrétien au pays des postmodernes. La
conclusion invite justement au combat spirituel et à «l'audace des
bouquetins».
Il y a là un message important à une époque de relativisme. Un
langage plus sobre, plus évangélique eût été sans doute plus apte à
galvaniser les énergies, car la fatigue pourrait gagner le lecteur
pressé et la déception tenter le lecteur exigeant. - J.R.