Avec finesse, clarté et concision, l'A. nous explique l'origine, le
développement de l'icône, ce qui la caractérise comme irruption de
gloire dans l'avant-goût réel et immédiat de l'expérience vivante
de l'Église (orthodoxe), comme manifestation, image profonde du
Christ Dieu et homme vivifiant, ou de visages illuminés parlant de
Dieu et des hommes. Oeuvre de prière, dépouillée des soucis de
séduction terrestre, l'icône doit être vraie avant d'être belle,
détachée pour être parlante, théologie en images authentiquement
visualisées. «Dieu s'est fait homme pour que l'homme devienne
Dieu»: l'icône rend en couleurs ce que la Parole donne en mots.
Elle est bien plus que cette image religieuse à laquelle l'Occident
est trop souvent tenté de la réduire. Pour l'orthodoxie, les icônes
et la liturgie ont une grande importance. L'A. a le mérite de
retracer en bref toute l'histoire des icônes, avec ses fondements,
la crise iconoclaste (visant à sauvegarder le Dieu unique au-delà
de toute image), la justification des icônes par l'incarnation
commentée par les grands théologiens orientaux, les variantes
byzantines, coptes, russes, grecques, égyptiennes, etc. Dans les
icônes, le souci théologique symbolique expressif du sens spirituel
doit toujours avoir le pas sur l'aspect extérieur ou purement
esthétique, superficiel et terrestre. Tout, vêtement, attitudes,
paysages, veut rendre un mystère qui dépasse le pur réalisme
sensible. Le symbolisme des couleurs montre bien qu'il s'agit d'un
monde nouveau, transcendant et non enlisé dans le sensible et le
profane. L'A. nous explique bien les canons de l'icône, leur but,
les lois de sa structure, les éléments de sa théologie. Il analyse
aussi les types les plus courants d'icônes comme la Mère de Dieu en
majesté, en orante, Mère de tendresse; le Pantocrator et la Déisis
(intercession); l'icône de la Résurrection et de la Descente aux
enfers. À une époque où l'image envahit la vie quotidienne, l'icône
est précisément image d'un monde non pas désincarné au sens où il
refuserait sa création, mais transformé, transfiguré, rayonnant
dans le cosmos tout entier; pensons au visage du Christ incarné,
comme au Thabor. L'icône doit nous faire pressentir les fils de
Dieu que nous sommes, elle doit illuminer nos ténèbres. Elle peut
être une rencontre qui confère des énergies divines, nous révèle
que plus est en nous, et nous en fait vivre. - G. Navez, S.J.