Reprenant une intuition d'E. Corecco, qui voit dans le droit canon
une ordinatio fidei, l'A., recteur de la faculté de théologie de
Lugano, présente la science canonique comme une discipline
théologique dont la méthode elle-même est théologique, indépendante
tant par rapport au droit séculier que par rapport aux autres
disciplines théologiques. Dans l'esprit de l'ecclésiologie de
Vatican II, elle manifeste l'immanence réciproque de l'universalité
et de la particularité, deux aspects d'une même réalité: communio
Ecclesiae et Ecclesiarum. La synodalité, dimension ontologique
interne à la sacra potestas, imprègne toute la structure juridique
de l'Église; elle présuppose la coresponsabilité de tous les
fidèles (même des laïques, CIC 129,2), le sacerdoce commun étant
prioritaire par rapport au sacerdoce des ministres ordonnés. L'A.
en tire des applications concrètes: procès de canonisation, nihil
obstat, serment, mandatum, censures, designatio personae et
collatio officii dans le cas d'un évêque à nommer ou à confirmer
(CIC 377,1). Les instances hiérarchiques intermédiaires ne sont ni
des organes du Pape ni une émanation institutionnelle des Églises
particulières. Le concile provincial jouit du pouvoir de
gouvernement, en particulier législatif: ses décrets ne nécessitent
pas l'approbatio du Saint Siège mais seulement une recognitio. Nous
apprenons au passage que le terme collégialité est absent des
textes conciliaires, que le code de 1983 ne parle ni de receptio
legis ni de desuetudo, que celui des Églises Orientales (1990)
insiste sur la légitime diversité des énoncés de la doctrine (canon
604) et sur la juste liberté des théologiens (canon 606)… Un
ouvrage de grand intérêt, présenté par le cardinal Pompedda,
postfacé par l'évêque de Bâle. Le lecteur francophone notera
l'indigence grammaticale de la traduction (l'original est italien)
et le peu de place réservé aux ouvrages français dans la
bibliographie. - P. Detienne sj