L'origine de l'homme - Le Darwinisme au point de vue de
l'orthodoxie catholique 2 vient de refaire surface après une
disparition de quelque quatre-vingts années dans les oubliettes.
Nouvelle célébration donc de son auteur, le Chanoine Henry de
Dorlodot, (1855-1929), un des rares ecclésiastiques catholiques
invités en 1909 au cinquantième anniversaire de la parution du
livre de Darwin encore aujourd'hui controversé. Le texte, jusqu'à
ce jour inédit, est présenté et annoté dans la jeune collection
CosmoLogiques des éditions Mardaga. Les compétences combinées
(sciences et philosophie des sciences, paléontologie des vertébrés
et paléontologie humaine) des deux responsables nous donnent un
livre en deux parties: Le darwinisme d'un chanoine (100 pages dont
10 de photos et documents) et le manuscrit lui-même: L'origine de
l'homme. Les très nombreuses notes en bas de page attestent du soin
avec lequel cette édition critique a été faite. Surtout, nous avons
la mention des renvois nécessaires au premier volume (1918) de
cette oeuvre du chanoine, L'origine des espèces. Le Darwinisme au
point de vue de l'orthodoxie catholique 1. Ce premier volume
(1918), on le sait, avait provoqué dans les milieux romains
quelques remous. En fait, comme les auteurs nous le rappellent: «À
la fin du dix-neuvième siècle apparaît au sein de l'Église
catholique un débat entre deux écoles à propos des méthodes
d'exégèse, sur la manière dont on doit concevoir l'inspiration des
textes bibliques et sur la possibilité d'admettre - à l'opposé de
la thèse dite d'inerrance - certaines erreurs, historiques ou
scientifiques, dans certains de leurs passages» (p. 47). C'est dans
ce contexte, encore agité par la crise moderniste, que le Chanoine
se trouva pris sous le feu de l'école conservatrice des milieux
romains et que se développa l'«affaire de Dorlodot» recouvrant
d'ailleurs une «gêne» certaine entre les dicastères romains et la
sourcilleuse Université de Louvain. Il serait trop long ne
serait-ce que de résumer cette «affaire», mais on comprend que le
deuxième volume abordant la bien plus délicate question de
l'apparition de l'homme fut remisé dans les tiroirs du professeur,
avec la prudence et l'obéissance qui avait toujours caractérisé
l'attitude du savant et du prêtre. Retrouvé dans les archives
familiales, le voici à notre disposition. Épinglons la lumineuse
conclusion qui termine l'introduction au manuscrit proprement dit
(p. 87-90) et qui souligne l'effort considérable consenti par le
chercheur pour réunir dans un même regard, sans les confondre mais
sans les séparer, la lumière de la théologie (exégétique, surtout
patristique mais aussi scolastique) et celle de l'enquête
scientifique. On ne peut que souhaiter la parution d'autres textes
de cette qualité dans cette nouvelle collection dirigée par
Dominique Lambert et Bertrand Hespel. - J. Burton sj