La colombe et les tranchées. Benoit XV et les tentatives de paix durant la Grande Guerre

N. Renoton-Beine
Storia - reviewer : Bernard Joassart s.j.
3 septembre 1914: Giacomo Della Chiesa est élu pape sous le nom de Benoît XV. Il connaît bien les rouages du Saint-Siège et sa diplomatie: depuis la fin de sa formation, il a servi à la Secrétairie d'État pendant 20 ans, de 1897 à 1907, avant d'être envoyé comme archevêque de Bologne. Le monde a bien changé; surtout, depuis un mois il est en guerre, une guerre que son prédécesseur n'a pu arrêter. Une guerre que lui-même ne pourra arrêter; bien au contraire, elle durera encore plus de quatre années. Et pourtant, Benoît XV ne ménagera pas ses efforts - dont l'un des plus connus est sa note de l'été 1917 -, ainsi que le montre l'enquête minutieuse de N.R.-B., qui a pu examiner des archives allemandes et vaticanes demeurées inédites jusqu'à nos jours. L'intérêt de ce «feuilleton» est à la fois de bien mettre en lumière les difficultés rencontrées par le Saint-Siège dans ses tentatives: la question romaine était loin d'être résolue, et Rome se trouvait devant une carte religieuse européenne qui ne correspondait pas exactement à ce que d'aucuns pouvaient croire comme étant les «bons» et les «mauvais». Mais en même temps, on perçoit qu'en dépit d'un certain écartement de la scène internationale, le Saint-Siège fut courtisé par toutes les parties, quitte à ce que ses propositions soient critiquées, voire ignorées. En définitive, à la fin de la guerre, même s'il fut écarté des négociations de paix et même si son action durant le conflit semble avoir été un échec, le Saint-Siège avait opéré une réelle rentrée dans le concert des nations.
Ce qui sans doute résume le mieux l'attitude romaine d'impartialité durant la guerre est la conclusion que l'A. donne au dernier chapitre, en évoquant l'ultime réunion des cardinaux chargés d'examiner la situation, au début du mois de novembre 1918, et les conditions d'une éventuelle conférence de paix (p. 370): «Le cardinal secrétaire d'État clôt la réunion… en résumant les trois arguments principaux défendus par les cardinaux: 1. Le Saint-Siège risque d'essuyer un refus, quelles que soient les tentatives que l'on pourrait faire. 3. Si une des parties est victorieuse, « la paix sera des plus odieuses pour les vaincus, et il n'est pas bon que le Saint-Siège appuie de sa signature une telle paix ». 3. S'il y avait un représentant du Saint-Siège, il ne pourrait pas, de toutes façons, parler de la question romaine. Gasparri conclut la séance par cette étonnante déclaration, inconnue jusqu'à nos jours: « Il ne convient pas que le Saint-Siège intervienne à la conférence de la paix, même dans l'hypothèse absurde où elle [sic!] y serait invitée »». Voilà qui était pour le moins clairvoyant!
On ne peut que regretter l'absence d'un index onomastique - une mauvaise manie des Éditions du Cerf qui se répète trop souvent. Tâche toujours fastidieuse, certes, mais qui amène à contrôler des détails qui ne sont pas nécessairement secondaires. Cela aurait sans doute permis à l'A. d'éviter de prénommer «Stanislav» le général des Jésuites Wladimir Ledochovski, ou encore d'affirmer par deux fois qu'en janvier 1917, Guillaume II, né en 1859, fêtait son 70e anniversaire (p. 178 et 243). - B. Joassart, S.J.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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