La conférence de Ratisbonne. Enjeux et controverses

J. Bollack Chr. Jambet Abdelwahab Meddeb
Religioni - reviewer : Jean Radermakers s.j.
À la conférence de Ratisbonne du 12 septembre 2006, Benoît XVI a tenu un discours hautement académique dont le titre était Foi, raison et Université (cf. Doc. Catholique n° 23066 du 15.10.2006, p. 924-929). Il s'agissait entre autres de savoir si on peut imposer la foi par la force, et si ne pas agir selon la raison contrarie la nature de Dieu. Sa manière de parler de l'islam a provoqué force remous dans le monde musulman, et 38 oulémas ont publié une lettre adressée au pape, dont la traduction française se trouve aux pages 101 à 116 du présent volume. Sur un ton déférent et respectueux, mais ferme, ils contestent l'interprétation que le pape donne de l'islam à propos de contrainte en matière de religion, de la place du logos, c'est-à-dire de la rationalité dans la doctrine musulmane, de la compréhension de la transcendance de Dieu, le Miséricordieux, et de la conception de la guerre sainte. Ils font aussi remarquer la partialité des sources qu'il utilise.
Dans cet ouvrage, trois spécialistes réfléchissent sur l'enjeu du débat: un philologue, helléniste renommé, Jean Bollack; un philosophe chrétien, Christian Jambert, excellent connaisseur des traditions orientales et de l'islam iranien; un écrivain poète Abdelwahab Meddeb, expert en religions comparées, professeur à l'Univ. Paris X à Nanterre et animateur de l'émission «Cultures d'islam». Ils tentent une approche de la question, chacun selon sa compétence, à laquelle nous rendons hommage. Le premier affirme l'importance de l'intégration de la raison philosophique héritée de la Grèce dans la conception religieuse, et il discute les positions du pape et des oulémas touchant l'intrusion du politique dans la religion. Le deuxième souligne le projet papal qui vise l'unité spirituelle de l'Europe grâce à un principe commun d'entente à propos de «foi et raison»; il nuance la référence de Benoît XVI à un commentateur du Coran estimé marginal et reconnaît la dette de l'islam par rapport à l'hellénisme. Le troisième parle de «Dieu purifié» et note que la position du pape refusant de «circonscrire Dieu dans la violence» (p. 65) est tributaire de l'image donnée par les islamistes qui, au nom de Dieu, exercent la violence. Il signale que le Dieu unique est pour tous, et qu'il y a là un point d'entente au-delà des controverses. Ces discussions se situent à la même hauteur que le discours pontifical.
Quoi qu'il en soit, en entamant courageusement le débat sur le plan académique, et malgré certaines approximations, Benoît XVI manifestait sa volonté de dialoguer, dans une intention de communion des esprits et des coeurs. Les lecteurs avertis sauront évaluer la profondeur et l'enjeu du débat. - J. Radermakers sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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