C'est un document curieusement composé qu'éditent les Analecta
Cartusiana, sous le premier des sept titres qui figurent en
page de garde d'un ouvrage richement illustré. Après quelques pages
précieuses sur l'origine et l'évolution de la consécration en
question, sont présentées les cérémonies dans les rituels
cartusiens et apparentés (schémas d'ordines, formulaires
de la messe…); ensuite viennent le Pontifical de Bertaud (1188) et
celui de Dom Innocent le Masson (1696); enfin, un commentaire du
tableau de M. de Visch (1748), «le couronnement de soeur
Isabelle-Victoire Bénezet, de la Chartreuse de Sainte Anne de
Bruges». La question est de savoir comment les moniales
chartreuses, qui ont conservé pendant les siècles de son abandon
total l'ancien ordo ad consecrandas virgines ont pu, dans
une tradition propre aux maisons des Flandres, connaître la
collation du manipule, de l'étole (diaconale) et de la croix. L'A.
montre à plusieurs reprises qu'il s'agit de l'insertion au xve s.,
dans un Ordo local, d'une coutume analogue aux
ordines de «diaconesses» antiques dont jouissent alors
quelques monastères italiens (p. 207-209): «par cette triple
imposition, l'Ordo entend faire participer symboliquement
la jeune Vierge consacrée au pouvoir et à la grâce propre des trois
étapes du sacerdoce hiérarchique (…); telle est l'hypothèse qui
nous paraît rendre le mieux compte d'une innovation audacieuse,
absolument originale en son temps, aujourd'hui plus insolite
encore». Certes. - N. Hausman scm