J. Römelt nous avertit dès le départ que son livre n'est pas un
traité systématique de la conscience, mais un coup d'oeil jeté sur
son développement en Occident à partir des Grecs. Cette étude
historique suit le conflit actuel des interprétations et aboutit à
de courtes conclusions préparant une nouvelle systématisation de la
doctrine sur la conscience. L'expérience de la conscience est
l'expérience éthique fondamentale qui révèle à l'homme l'existence
du bien et du mal. En théologie chrétienne, la conscience est la
voix de Dieu qui nous appelle à faire le bien. Le monde moderne,
subjectiviste, récuse cette présentation et offre quatre
interprétations de la conscience. 1) Elle est la voix de
l'expérience intérieure de soi qui nous appelle à prendre notre vie
en main pour la façonner librement. 2) Pour la psychologie des
profondeurs, elle est la voix du surmoi et de l'inconscient qui
gênent la liberté de l'homme pour se construire. 3) Pour la
sociologie, la conscience est la voix de la pression sociale du
milieu. 4) Pour la philosophie personnaliste du dialogue, l'homme
est un noeud de relations interpersonnelles qui l'aident à se
façonner dans le dialogue. Au lieu de nier ces différents plans de
la conscience, Römelt les admet et essaye de les intégrer de façon
cohérente dans la vision chrétienne qui seule offre à l'homme un
point d'appui solide pour y parvenir. Pour Augustin, la conscience
est la voix la plus intime de l'homme et en même temps la voix de
Dieu-Amour qui nous demande de répondre librement à son appel à
l'aimer en retour. Cette réponse a pour effet d'être à la fois
libératrice, gratifiante, intégrante pour notre personnalité. En
cherchant à suivre la voix de sa conscience, l'homme découvre qu'il
appartient à Dieu. C'est donc en s'abandonnant à Dieu en
Jésus-Christ que l'homme réalise pleinement sa dignité personnelle
à tous les niveaux grâce à l'amour prévenant de Dieu. Dans ce trop
bref condensé, nous devinons un bon essai de réponse aux objections
modernes sur la conscience car il intègre les objections. Mais
comment discerner la voix de Dieu et la voix de l'homme dans cette
complexité des appels en nous? Peut-on y parvenir sans la foi?
C'est le point qu'il resterait à préciser dans un ouvrage
ultérieur. - B. Clarot, S.J.