Les représentations de la croix au cours de l'histoire du
christianisme se revêtent de significations symboliques diverses,
suivant les époques et les cultures. Une journée d'étude sur ce
thème fut organisée à Strasbourg le 19 septembre 2002 par le Centre
d'analyse et de documentation patristiques de l'Université Marc
Bloch. Le texte des neuf interventions est ici publié: J.-M. Prieur
introduit le volume, puis le motif de la croix est étudié chez Paul
(1 Cor) par D. Gerber (Strasbourg), chez Marc par E. Cuvillier
(Montpellier), et dans la littérature chrétienne des IIe et IIIe
siècles par J.-M. Prieur (Strasbourg). Ensuite nous apparaît la
croix, qui est «de lumière chez les manichéens» (J.-D. Dubois,
Paris) et «dans la propagande impériale du IVe siècle» (M.
Wallraff, Iena). M. Canévet (Strasbourg) parle de «la croix
cosmique» chez Grégoire de Nysse et A. Noblesse-Rocher (Strasbourg)
de la croix dans divers documents relatifs aux croisades. Sous le
titre «Églises sous la croix», nous rencontrons avec H. Bost
(Paris) une expression du protestantisme français persécuté au
XVIIIe siècle et J.-D. Causse (Montpellier) termine le recueil par
une présentation des traits essentiels de la symbolique théologique
de la croix.
L'ensemble suggère le chemin d'une évolution: l'instrument du
supplice subi par Jésus devient signe de victoire sur la mort, ou
de puissance divine sur le monde, voire de pouvoir humain et de
propagande, avant de revenir à la réalité théologique de
l'imitation du Christ développé par Paul et les synoptiques comme
signe de l'abaissement de Dieu et portique d'entrée vers la
résurrection. Symbolique riche et bigarrée qui nourrira la foi des
lecteurs et les invitera à la méditation, peut-être aussi à une
conversion intérieure. - J. Radermakers, S.J.