Constat plus qu'amer que celui dressé par l'A., dans un style qui
ne relève en rien de la langue de bois: l'ONU faillit à sa mission,
telle qu'elle fut définie au lendemain de la Seconde guerre
mondiale, de l'authentique protection des droits de l'homme. Elle
cautionne toute espèce de politiques néfastes à l'humanité (cf. p.
ex. conférence «Pékin +5»), en grande partie inspirées par la
théorie du consensus élaborée par le philosophe Kelsen, que l'on
pourrait tout aussi bien désigner en un langage plus familier par
«le plus petit commun dénominateur» ou «nivellement par le bas»,
tandis que les corps intermédiaires, y compris les États, sont
neutralisés et que l'on dérive progressivement vers un sorte de
magma informe qui n'est absolument pas moins totalitaire que les
pires dictatures connues jusqu'à présent. Et ce n'est pas sans
importance, car sont précisément en jeu des réalités fondamentales
de la vie humaine, et même de sa survie, menacées par ce que l'on
désigne d'une formule en apparence fort séduisante de «nouveaux
droits», sans oublier le paganisme qui en est une conséquence
directe. Chose tout aussi grave: l'impuissance et/ou l'inconscience
des responsables à presque tous les échelons. Cela montre en tout
cas que les meilleures intentions des hommes peuvent toujours être
détournées de leur but premier - personne ne mettra en doute la
valeur que l'ONU représentait. Cela montre aussi la nécessité de
l'Église de réaffirmer le contenu de sa foi, à temps et à
contretemps. L'analyse de l'A. suggère qu'il serait temps de
remettre en chantier une histoire approfondie du libéralisme,
depuis ses origines, et de ses dérives. Car en définitive, c'est
sans doute la première idéologie totalitaire, dans tous les sens du
mot, qui, tout en ayant de réelles qualités, sous prétexte du
«raisonnable», est capable d'engendrer des maux qui ne peuvent
qu'effrayer. - B.J.