La fonction ministérielle de la musique sacrée. L'approche originale de la Tradition par Vatican II

Michel Steinmetz
Arte e letteratura - reviewer : Gonzague de Longcamp c.s.j.

La constitution Sacrosanctum concilium 112 attribue à la musique une fonction ministérielle (munus ministeriale). L’expression comporte une connotation ecclésiologique forte qui mérite d’être étudiée. Ceci d’autant plus qu’il s’agit d’un hapax du corpus conciliaire qui était d’ailleurs absent des textes préparatoires. Par ailleurs, le Concile qui est d’habitude soucieux de donner de nombreuses sources patristiques et scripturaires de ses affirmations se trouve dans ce cas particulièrement silencieux.

La fonction ministérielle de la musique sacrée mérite donc une analyse théologique minutieuse encore inexistante. L’étude procède en trois étapes. Fidèle à l’intuition du Concile, l’A. entreprend une analyse détaillée des sources patristiques jusqu’en 450. Cela lui permet de resituer la question de la musique à l’intérieur des relations de l’Église et du monde et de comprendre la vision fortement christologique du chant liturgique.

Dans une seconde partie, l’A. analyse la musique sacrée comme « partie intégrante » de la liturgie. Il fait pour cela une large place au Motu Proprio de Pie x sur la musique en tentant de la resituer tant dans le contexte social et ecclésial de son époque qu’à l’intérieur de la tradition de l’Église depuis Jean xxii. Il montre par-là comment la question de la musique liturgique s’inscrit dans une vision du christianisme intégral et tend, déjà au début du xxe s., à faire droit à la participation active des fidèles.

Ainsi l’A. se trouve-t-il à pied d’œuvre pour analyser ce que représente l’invention de l’expression munus ministeriale durant le concile Vatican ii. On ne saurait minimiser l’importance de la dimension ecclésiologique. L’Église se dit à travers sa liturgie. Elle est l’œuvre du Christ total dans laquelle chacun est appelé à exercer une fonction (munus) propre. Étonnamment, le munus n’est pas confié d’abord aux musiciens, mais à la musique elle-même, comme artisan de dialogue et de communion.

L’A. nous offre une étude passionnante, extrêmement bien documentée et qui appelle en même temps de nombreux nouveaux développements. — G. de Longcamp c.s.j.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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