On ne peut qu'admirer la quantité et la qualité de l'information
rassemblée dans ce livre qui s'est fixé pour but d'évoquer le drame
de la Shoah, non pas dans ses causes et dans son ampleur, mais
comme ayant donné à des personnes fort diverses le souci de
collaborer en France au «sauvetage des Juifs», chacune à sa
manière, donnant de la sorte un contenu concret à ce qui est ici
défini comme «désobéissance civile». «La notion de désobéissance
civile que nous avons choisi d'utiliser - écrit l'auteur - concerne
essentiellement la capacité de ceux et de celles qui ont choisi de
s'opposer, au nom de leur conscience individuelle et de leurs
principes personnels, de désobéir à une loi et à sa pratique dans
un contexte précis.» (p. 69) «Ceux qui ont choisi la désobéissance
civile - précise-t-elle - ne contestaient pas l'autorité d'une
manière radicale, contrairement à ceux qui ont choisi d'entrer dans
la Résistance et qui n'hésitaient pas à recourir à la force des
armes pour libérer le territoire national.» (p. 169-171)Qu'est-ce
qui a inspiré à tant de couches de la société française de
contrecarrer les lois qui devaient aboutir à éliminer les Juifs?
Étant née sous la forme d'initiatives individuelles, il faut
reconnaître que la désobéissance civile a d'abord pris cette forme,
avant de se généraliser peu à peu et de prendre la forme de réseaux
d'entraide. Est épinglée en particulier dans ce tome I l'action des
médecins, des assistantes sociales, des infirmières, des
enseignants, des scientifiques et des artistes.Dans le tome ii
(annoncé pour octobre 2010) sera invoquée l'implication des
fonctionnaires, des « serviteurs de l'État », et dans le
tome iii (programmé pour janvier 2011) sera prise en compte
l'implication des milieux catholiques (notamment évêques, prêtres,
religieux et religieuses, écoles) et protestants (notamment
pasteurs). Sera aussi évoquée alors l'aide fournie par les
résistants. - S. Decloux sj