La Giudea di Gesù. Dalla morte di Erode il Grande alla fine del regno di Agrippa (4 a.C.-44 a.C.)

Dario Garribba
Storia - reviewer : Sébastien Dehorter

Ces deux livres d’histoire sur la Galilée et la Judée du ier s. viennent combler un vide dans la production italophone (mais la situation francophone n’est guère plus favorable). Ces sujets sont en effet rarement traités pour eux-mêmes, mais dans l’axe d’une étude du « christianisme des origines » ou du « contexte » dans lequel il a émergé, ce qui biaise le regard. La perspective adoptée ici se veut plus ample et plus neutre, afin d’offrir de manière critique au lecteur ce que Jésus ou n’importe quel autre juif de son temps voyait ou aurait pu voir en observant la réalité politique et sociale qui se présentait sous ses yeux. Les auteurs sont aussi convaincus que le christianisme n’a pas été une réalité existant en soi, avec une identité déjà définie, qui se serait implanté dans différents contextes, mais plutôt qu’il a pris un visage à chaque fois différent en fonction des lieux précis où il a émergé et qui l’ont façonné. En ce sens, ces deux livres apportent leur contribution à ce qu’on appelle la « troisième quête » du Jésus historique, qui met en valeur sa judaïté en tant que juif de la Galilée. Le premier ouvrage collectif inaugure un parcours de recherche sur les cités du christianisme antique, à commencer donc par la Galilée et Jérusalem, et avec l’objectif de rejoindre Antioche et Ephèse, Rome et Alexandrie. De ses neuf contributions, six parlent de la Galilée et trois de Jérusalem, ce que complète bien le second ouvrage, signé par l’un des éditeurs du premier, et qui est, quant à lui, entièrement consacré à l’histoire de la Judée, entre la mort d’Hérode le Grand (4. av. JC) et jusqu’à la courte période du règne d’Agrippa ier (44 ap. JC). Soulignons la diversité des angles d’approche. Ainsi, les contributions sur la Galilée présentent aussi bien un regard d’ensemble de la recherche récente avec les nouvelles perspectives offertes par l’archéologie, qu’une enquête sur la « Décapole », une prise de position face au « mythe d’une Galilée révolutionnaire », ou encore un article très substantiel sur la « spiritualité de la Galilée » (les groupes religieux en présence et le degré d’hellénisation) et un autre sur la présence galiléenne de chrétiens avant la période constantinienne. Ce parcours déconstruit certaines idées reçues. Ainsi, exit la dichotomie traditionnelle entre un judaïsme galiléen populaire (contaminé par la présence étrangère, la fameuse « Galilée des Nations ») et le judaïsme judéen lié au Temple ; exit l’image d’une Galilée révolutionnaire, berceau de tous les mouvements contestataires, dont celui de Jésus (R.A. Horsley). Quant aux études sur la Judée, elles suivent le changement de gouvernance opéré par les romains. À l’abandon de la confiance accordée à la dynastie hérodienne succéda une mainmise directe sur la Judée (entre 6 et 41 ap. JC). La nomination d’un préfet (et non pas un procurateur comme on le dit parfois) qui tenait à la fois l’armée, la justice et le contrôle économique, permit du même coup l’émergence d’une nouvelle classe dirigeante juive, à savoir les grands prêtres et leur entourage avec une relative « autonomie » culturelle et religieuse de l’ethnos juif. Pour D. Garriba, la marche arrière opérée par Claude en nommant le roi Agrippa ier signa la fin d’une période de relative stabilité et conduisit ultimement aux graves troubles des années 60. — S. Dehorter

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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