Le Saint Synode russe condamna la dévotion taxée de magie et de panthéisme, et le Patriarche de Constantinople l'imita sans avoir fait lire les écrits incriminés. Les partisans du Nom furent excommuniés. Sur l'Athos, 600 moines russes exclus et emmenés de force par la marine russe, furent dispersés en Russie et privés des sacrements. Certains s'enfuirent dans le Caucase pour y vivre en ermites. Les soviets fusillèrent la plupart d'entre eux. Pourtant en 1914, le Tsar contacté par des partisans du Nom, avait fait lever l'excommunication par le Saint Synode, mais cette décision appliquée à certains excommuniés ne fut pas connue du grand public pour sauver la face du St Synode.
Pourquoi tant de hargne contre le culte du Nom de Dieu? Selon Alfeev, elle serait due à la fracture depuis le XVIIe s. entre théologiens et spirituels, les théologiens versant dans la scolastique et le rationalisme. C'est dans la tradition de «la prière de Jésus» qu'était née cette dévotion qui fait goûter l'union à Jésus. Le théologien Boulgakov a clarifié la question en disant: «Le Nom est Dieu, mais Dieu n'est pas le Nom… Le Nom de Dieu est une icône verbale de la divinité». Cet épisode est instructif pour nous aussi, en montrant le danger d'une théologie trop scientifique et séparée de la spiritualité alors que trop de théologiens semblent ne pas le voir. - B. Clarot sj