L’A. est prêtre du diocèse de Lucques (Italie), curé, enseignant dans les matières bibliques au séminaire interdiocésain de la Toscane occidentale et auteur d’ouvrages précédents tournés vers l’anthropologie biblique (Honore ton père et ta mère, 2014, L’homme et la femme image de Dieu, 2018). Il offre ici une imposante histoire de l’herméneutique chrétienne des Écritures en un livre dense et minutieusement informé ainsi que le montrent la quantité des citations des sources primaires et les références aux sources secondaires les plus autorisées (Chenu, de Lubac, de Margerie, Reventlow, Simonetti). L’ouvrage s’adosse au paradoxe de l’herméneutique biblique contemporaine, lié à la fragmentation des savoirs : la variété et la richesse des méthodes exégétiques n’ont pas conduit à un enrichissement de l’interprétation mais constituent plutôt une menace de l’unité de l’objet biblique. Il parcourt ensuite la tradition chrétienne en 6 chap. : chap. 3 : La dualité des sens littéral et spirituel dès l’origine et les deux écoles d’Alexandrie et d’Antioche ; chap. 4 : La tradition occidentale (Ambroise, Jérôme, Tyconius, Augustin) ; chap. 5 : La lectio monastique : continuité et systématisation théorique ; chap. 6 : Le retour de la lettre avec l’évangélisme (François d’Assise) et la scolastique ; chap. 7 : La scission entre la lettre et l’esprit à l’heure de la modernité ; chap. 8 : Les interventions magistérielles depuis Providentissimus Deus et Divino afflante Spiritu jusqu’au document de 1993 sur « L’interprétation de la Bible dans l’Église ». Le chap. 2 propose sous forme de prolégomènes une réflexion plus générale sur le binôme lettre/esprit en prenant appui sur une approche phénoménologique de la réalité textuelle et des polarités qui la traversent en tant que structure langagière et événement de parole (Schleiermacher, Gadamer, Ricœur). Quant au chap. 9, il dresse un bilan et ouvre quelques perspectives. L’A. met bien en valeur que seuls l’acte de foi et la conversion personnelle de l’interprète (théorisée avec B. Lonergan) permettent le passage des signes multiples à la res véritable qui fait l’unité des Écritures. Si la dualité lettre/esprit retarde l’accès immédiat à la réalité spirituelle de la révélation divine, elle garde en même temps intacte la liberté de décision du lecteur et empêche toute tentation de possession instrumentale du sens spirituel. De la sorte, le texte biblique demande au lecteur de tout âge un acte herméneutique qui implique aussi bien l’intelligence humaine que l’intentionnalité de la foi. — S. Dehorter