La Lettre de Jacques. La foi, chemin de la vie

T. Kot
Sacra Scrittura - reviewer : Jean Radermakers s.j.
Le deuxième livre de la série, est consacré à La Lettre de Jacques dont il constitue un commentaire excellent et original. L'A. en est un jésuite polonais, qui a étudié au Centre Sèvres (Paris) avant d'obtenir le doctorat en théologie biblique à l'Univ. Grégorienne de Rome; il enseigne à présent à la Faculté de théologie Bobolanum de Varsovie. Il démontre ici, de manière surprenante, les bénéfices collatéraux de l'analyse rhétorique en définissant le propos exact de cet écrit de la première Église qu'on oppose souvent à la théologie de Paul, surtout depuis Luther.
La thèse protestante, en effet, opposait la doctrine paulinienne de la justification par la foi à celle de Jacques de la justification par les oeuvres. Or une analyse rhétorique rigoureuse et précise confirme qu'il faut dépasser cette opposition simplificatrice: les deux doctrines convergent en effet, et leurs accents parfois différents manifestent une réelle complémentarité. Effectivement, la Lettre de Jacques apparaît souvent aux yeux des commentateurs comme un fatras peu ordonné de sujets disparates. Or la logique sémitique utilisée par l'auteur de la Lettre ne suit pas les articulations de notre argumentation occidentale du XXIe siècle. Par contre, la panoplie d'outils dont dispose l'analyse rhétorique sémitique fait apparaître la structure intellectuelle et compositionnelle de l'écrit. En fait, celle-ci est une mise en garde contre les fausses conceptions de la véritable foi, laquelle n'est pas une vague référence verbale à la réalité du salut obtenu par Jésus Christ, mais un attachement de tout l'être à sa personne et à son oeuvre rédemptrice, où il agit en nous par sa propre vie de Ressuscité qui transfigure notre identité personnelle. Comme le souligne l'A. dans sa conclusion (p. 280): «Mettre toute sa confiance dans la Loi et ses oeuvres, comme les Galates, pensant que ce sont elles qui peuvent sauver, et non pas le seul Dieu par la croix et la résurrection de son Christ, voilà une conduite secrètement idolâtrique; déclarer sa foi en Dieu et en son Christ, sans se laisser transformer par elle dans son comportement envers les hommes, spécialement envers les pauvres que l'on méprise, ou envers les riches que l'on flatte, comme si c'était dans les richesses que l'on pouvait mettre sa confiance, ne l'est pas moins. Comme toujours, pour être fidèles à la vérité, il est nécessaire de tenir les deux bouts de la chaîne. Jacques et Paul ne s'opposent pas, ils sont complémentaires.»
Suivant les principes établis par le P. Meynet, l'A. analyse la Lettre séquence par séquence, et il construit une structure de l'ensemble parfaitement cohérente: la foi est chemin de la vie, comme l'exprime le sous-titre du livre. Dorénavant, les commentateurs de la Lettre de Jacques ne pourront ignorer l'ouvrage du P. Kot, qui se lit agréablement, et qui convaincra heureusement le lecteur, même critique. - J. Radermakers sj

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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