Professeur de théologie à Rome et à Pampelune, G. Guitián se
contente de reprendre les idées thomistes sur la «médiation
salvifique» en parcourant toute l'oeuvre de saint Thomas pour en
exprimer les diverses facettes. Jésus, Homme-Dieu, est l'unique
médiateur entre les hommes et Dieu (1 Tm 2,5); mais Vatican II a
rappelé que «l'unique médiation du Christ suscite une coopération
variée en dépendance de cette source unique» (LG 62). Cette
doctrine classique n'est nullement contestée. Ce qui fait problème,
c'est la manière dont s'exerce la médiation du Christ à l'égard des
milliards de justes d'avant et d'après le Christ qui ne l'ont
jamais connu. Personne aujourd'hui ne songe à damner ces hommes
droits et religieux que saint Paul dit sauvés par l'obéissance à
leur conscience (Rom 2). Il faut tenir à la fois que «Dieu veut que
tous les hommes soient sauvés et le soient par l'unique Médiateur».
La déclaration «Dominus Iesus» au n° 14 invite à étudier les
chemins de la médiation du Christ en vue du dialogue
interreligieux. Comment s'exerce la médiation du Christ pour sauver
les hommes qui l'ignorent? On aurait aimé que G. Guitián tente de
trouver des voies nouvelles pour expliquer ce point capital
actuellement. Sans cela, il serait difficile d'engager un vrai
dialogue interreligieux.
Saint Thomas a beaucoup apporté il y a 7 siècles, mais il n'a pu
prévoir tous les problèmes. Aujourd'hui il nous faut des éclaireurs
pour tracer de nouvelles voies sans sacrifier l'essentiel de la
doctrine thomiste, mais aussi, comme disait un dominicain, sans
faire de Thomas un butoir alors qu'il est un phare pour éclairer
l'avenir de la théologie. - B. Clarot sj