La «règle de la foi» est une expression des Pères désignant les
affirmations argumentées du Credo. Le De fide ad Petram de
l'évêque Fulgence de Ruspe (467-532) en est un exemple
caractéristique: c'est une sorte de catéchisme adressé à un fidèle
(peut-être fictif) partant à Jérusalem. Il est destiné à le
protéger des hérésies. O. Cosma en donne la traduction intégrale,
basée sur le texte latin du CSEL 91A (Fraipont, 1968), ainsi qu'une
introduction historique, des repères chronologiques sur les
hérésies et un guide thématique, conformément à l'habitude de la
collection Pères dans la foi. Ce dernier voit quatre parties dans
le De fide. En réalité, il s'agit d'un plan en deux parties comme
dans le Peri archôn d'Origène: d'abord un exposé
d'ensemble sur la foi en Dieu un et trine, sur la divinité et
l'incarnation du Fils, sur la création et le retour à Dieu; puis un
ensemble de questions spéciales qui récapitulent la première partie
en 40 «chapitres» commençant chacun par le même avertissement
canonique: «Tiens pour très certain, sans en douter le moins du
monde…». Cet enchiridion réfute les principales hérésies
du Ve s.: arianisme (dont Fulgence eut à souffrir dans l'exil),
pélagianisme, encratisme gnostique, nestorianisme, sabellianisme.
L'évêque ne se veut pas exhaustif et reconnaît être pris par le
temps. Lecteur d'Augustin, le chef de l'épiscopat catholique
d'Afrique aborde les questions qui lui tiennent à coeur, notamment
celle de la prédestination (il est radical). Il prend position
avant l'heure sur le filioque, dans le sens occidental. On
notera l'absence de référence aux sources de la révélation et aux
conditions de la transmission de la foi (Écriture et tradition). En
ce sens, Fulgence est beaucoup moins augustinien que ses
affirmations radicales en dogmatique, sacramentaire et en morale ne
le font croire. - A. Massie sj