L'objectif de ce livre est de manifester la bonté de la relation
sexuelle dans le mariage et d'aller jusqu'au bout du mystère de
l'Incarnation en comparant de manière «analogique» cette relation à
la liturgie eucharistique actuelle (rite de Paul VI). Le
rapprochement de la célébration de l'amour humain dans sa dimension
affective et sexuelle avec la célébration liturgique n'est pas une
interprétation totalement neuve dans la tradition de l'Église, mais
elle suppose beaucoup de délicatesse et de pudeur. L'auteur est
marié et modérateur actuel de la Communauté du Verbe de Vie. Il
tente ainsi d'éclairer l'enjeu de la vie de couple. Les diverses
étapes qu'il déploie intègrent de manière heureuse ces deux
réalités: comme à un rendez-vous d'amour (chap. 1); la demande de
pardon (chap. 2), la liturgie de la Parole (chap. 3); préparation
des dons (chap. 4), la communion (chap. 5); l'action de grâce
(chap. 6), l'envoi en mission (chap. 7), les Mystère joyeux et
douloureux (chap. 8). L'A. enracine les liens qu'il décrit dans une
théologie de l'Alliance qui s'exprime de manière «sponsale». Les
comparaisons qu'il établit entre ces divers moments de la liturgie
et l'action amoureuse soulignent le caractère à la fois humain et
spirituel de l'acte conjugal. Les citations qui rythment la
comparaison sont prises avec justesse dans le Cantique des
cantiques: le lecteur y découvrira certainement un langage
«inspiré» peu connu et pourtant si vrai dans son audace
anthropologique et théologique. Les rapprochements entre ces
moments sont plus ou moins denses, mais le langage reste toujours
simple et compréhensible: ce livre est certainement le fruit de
nombreux enseignements et d'une longue écoute des couples.L'A.
gagnerait à distinguer plus nettement l'acte conjugal d'un acte
sexuel posé en dehors de la promesse sacramentelle pour valoriser
le sens de l'engagement sacramentel du mariage et la présence déjà
intime du Christ dans l'acte de liberté des époux. Nous partageons
sa conviction exposée sur la sainteté de la relation (p. 86-89),
mais il nous paraît important de ne pas la fonder sur la
distinction juive ou grecque du «sacré et du profane». La sainteté
«nouvelle» est enracinée non pas dans la «séparation» (p. 86), mais
dans la «communion» établie en son hypostase par l'unique Sauveur.
Cette manière de poser la question aurait des implications morales
importantes que le livre n'aborde pas. Dans cette comparaison, nous
comprenons l'insistance méthodologique de l'A. à valoriser la
relation des époux, mais il est difficile à la lecture du livre de
pouvoir intégrer de manière paisible la doctrine si délicate de la
«double signification de l'acte conjugal» (Humanae vitae, 1968) car
la fécondité de la vie d'un couple est intrinsèquement ordonnée à
la vérité de cette relation. Il est normal et nécessaire de mieux
parler de la relation d'union des époux et ce livre est très
précieux au point de vue pastoral et spirituel. Il gagnerait pour
une prochaine édition à développer encore plus l'ampleur de la
fécondité de l'acte conjugal, dans son exercice comme dans son
renoncement. - A. Mattheeuws sj