La situation critique de l'Église catholique. Analyse et perspectives
Joseph FameréeTeologia - reviewer : Gonzague de Longcamp c.s.j.
Face à la complexité du problème, il fallait offrir au lecteur des regards croisés. D'abord, celui d'historiens pour pouvoir cerner l'évolution des rapports entre la société et l'Église, tant du point de vue politique que de celui de la pensée. Ensuite, le regard de sociologues permet une photographie de la « déprise » de l'Église sur la société contemporaine, qui sera ensuite analysée par un juriste et un philosophe. La modernité présente une nouvelle posture par rapport à tout discours normatif, a fortiori celui de l'Église sur l'éthique. Et il semble aux A. que l'Église se trouve dans une certaine impossibilité de modifier sa position pour répondre à la « modernité critique ». Forts de la mise en situation offerte par les sciences humaines, le droit et la philosophie, deux ecclésiologues de renom interrogent l'Église et la théologie sur leur capacité à entrer en dialogue avec la modernité. Soit on accepte d'apprendre de cette crise, soit elle risque d'être fatale à l'Église en Europe.
Certes, on ne peut que faire nôtre le constat de « déprise », voire d'exculturation des Églises chrétiennes en Europe, dans la culture post-moderne. On ne peut que consonner avec l'appel à la théologie et à l'Église de saisir le kairos pour se réformer et entrer en dialogue avec le monde contemporain. Pourtant, on ne peut se départir de l'impression que les contributeurs de l'ouvrage considèrent la faillite comme inexorable et l'Église comme incapable de relever ce défi. Alors, on peut légitimement s'interroger : la posture unilatéralement critique par rapport à l'Église d'hier n'empêche-t-elle pas la créativité que les A. appellent de leurs voeux ? Certes, il peut y avoir des errements dans la théologie et la prudence de l'Église et il faut se laisser interroger par les sciences humaines. Pourtant, un regard trop partial sur l'histoire et ses causes ne saurait permettre une authentique nouveauté. - G. de Longcamp c.s.j.